Puja Kapai

2021 Lauréat

Hong Kong

« En récompensant mon travail visant à faire avancer la justice sociale en matière de race, de genre et de droits des minorités, ce prix rend visibles les réalités vécues de tous ceux qui sont régulièrement marginalisés et qui subissent l’exclusion et la discrimination systémique »

Puja Kapai

L’histoire de Puja

Ayant grandi au sein d’un groupe ethnique minoritaire dans la société racialement homogène de Hong Kong, Puja Kapai s’est heurtée à des obstacles à l’éducation dès son jeune âge. À l’époque, la ségrégation raciale dans les écoles était encore une pratique courante. Puja s’est donc inscrite à une école publique accueillant une forte concentration d’élèves issus de minorités ethniques. Cette école deviendrait un des quelques établissements désignés acceptant des enfants minoritaires. Alors que ses camarades chinois assistaient à des cours de cantonais, une langue qui leur permettrait d’obtenir de meilleurs emplois parmi la population active de Hong Kong, Puja devait se rendre dans la classe de musique pour effectuer des périodes d’étude autodidacte en compagnie d’autres enfants issus de minorités ethniques.

Malgré ce départ inégal, Puja a fini par devenir une chercheuse largement publiée, avocate, enseignante et défenseuse de la justice sociale. Elle a adopté une approche unique combinant la recherche empirique approfondie, la mobilisation populaire et le plaidoyer pour instaurer des changements durables à Hong Kong. Son rapport exhaustif sur le statut des minorités ethniques à Hong Kong réunit des données complètes pour présenter, pour la toute première fois, comment la nature systémique de la discrimination raciale s’inscrit dans plusieurs domaines, dont l’éducation, l’emploi et le logement. Le travail de Puja démontre l’importance d’aborder les facteurs étroitement liés tels que le genre, la race, l’âge et le statut d’immigration qui, en retour, soulignent le besoin d’une approche intersectionnelle à la compréhension des causes des inégalités à Hong Kong.

Le plus important travail de Puja est son illustration minutieuse de l’impact négatif des écoles ségréguées sur la vie des individus issus des minorités ethniques de Hong Kong, notamment la perte de possibilité et la privation dans de nombreux domaines. Elle a présenté cette recherche au gouvernement de Hong Kong et à trois organismes s’occupant des traités des Nations Unies (ONU) révisant les obligations de Hong Kong en matière de discrimination raciale, de droits des enfants et de droits de la personne. En 2014, en réponse directe à la recherche et au plaidoyer de Puja, et en collaboration avec des organisations locales non gouvernementales dirigeant les travaux sur ces questions, Hong Kong a aboli la politique officielle désignant des écoles séparées pour les enfants issus de minorités ethniques, et le gouvernement a introduit un cadre pédagogique d’apprentissage d’une langue seconde dans le programme de langues chinoises des écoles publiques.

Ce n’est qu’un exemple du formidable impact de Puja sur sa société. Son travail se penche sur les enjeux de l’éducation, de la violence familiale, des droits des enfants, de la violence fondée sur le genre, de la discrimination fondée sur la race, le genre, la religion et l’orientation sexuelle et des préjugés inconscients. En outre, son travail a aidé des législateurs, ministères gouvernementaux et organismes de la société civile à élaborer des lois et des politiques en utilisant une approche intersectionnelle dans un vaste éventail de secteurs pour garantir une protection égale pour tous. Elle a revendiqué avec succès la révision de procédures gouvernementales pour traiter des cas de violence faite aux enfants, de maltraitance des enfants, et de violence familiale et sexuelle impliquant des minorités ethniques ainsi que l’amélioration de programmes de formation pour les policiers traitant les dossiers impliquant des minorités ethniques. Sa recherche et ses activités de plaidoyer ont entraîné la création par le gouvernement de mesures ciblées visant à soutenir les minorités ethniques.

Ayant elle-même subi les effets négatifs de l’exclusion et des préjugés, Puja travaille sans relâche pour faire avancer l’égalité des droits pour tous les habitants de Hong Kong. Qu’elle s’adonne à la recherche, au plaidoyer ou à la mobilisation, ou qu’elle enseigne à ses étudiants comment reconnaître et aborder les enjeux de justice sociale qui les entourent, Puja est motivée par la conviction profonde que tous les Hongkongais méritent le même respect et les mêmes possibilités, et que les lois et politiques de sa ville seront renforcées par leur inclusion et la reconnaissance de leur dignité égale.

Même si Hong Kong a la réputation mondiale d’être une plaque tournante internationale, la ville est homogène du point de vue racial. Les Chinois composent environ 92 pour cent de la population. Les minorités ethniques représentent 8 pour cent de la population de Hong Kong. Parmi celles-ci, 4,2 pour cent sont des travailleurs domestiques étrangers qui doivent respecter des modalités de travail temporaire dans le cadre d’un régime d’emploi spécifique. Enfin, 3,8 pour cent sont des résidents à long terme faisant partie des minorités ethniques. Ce groupe de minorités ethniques a des possibilités limitées et est victime de préjugés et de discrimination systémiques dans plusieurs domaines, dont l’éducation, l’emploi, le logement et les soins de santé. Les barrières linguistiques exacerbent les défis structurels des minorités. Sans éducation, en cantonais ou en mandarin, les minorités ethniques sont plus susceptibles d’occuper des postes moins bien rémunérés. La pauvreté et l’accès inégal aux services sociaux essentiels affectent ces communautés de façon disproportionnée.

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