Namati Kenya

2021 Lauréat

Kenya

« Faire partie des lauréats du Prix mondial du pluralisme pour ce travail est un véritable honneur. Cela témoigne de l’idée selon laquelle tout le monde, même ceux depuis longtemps en marge, peut être agent de changement et participer à la création d’une société pluraliste. »

Mustafa Mahmoud, Namati Kenya

L’histoire de Namati Kenya

Botul, mère de quatre enfants et membre de la communauté nubienne du Kenya, s’est fait dire que ses enfants ne pourraient plus aller à l’école parce qu’ils n’avaient pas de certificat de naissance. Toutefois, elle ne pouvait pas en faire la demande avant d’avoir reçu une carte d’identité. Au Kenya, la carte d’identité nationale est requise pour voter, se déplacer librement et accéder à des services de base comme les soins de santé, l’éducation et l’emploi. Malheureusement, obtenir une carte d’identité n’est pas facile pour une personne comme Botul. Faisant partie d’une des communautés kényanes à majorité musulmane, elle se retrouve parmi les cinq millions de Kényans qui sont victimes d’un processus de filtrage discriminatoire lorsqu’ils tentent d’obtenir des documents d’identité juridiques de base. Bien que la majorité des Kényans obtiennent une carte d’identité en quelques semaines, plusieurs individus issus des groupes ethniques minoritaires à majorité musulmane doivent attendre des mois ou des années avant de recevoir leurs documents, et parfois ne les reçoivent jamais.

Botul a fini par trouver les conseils dont elle avait besoin auprès de Zena, une parajuriste communautaire formée par Namati Kenya. Zena a aidé Botul à comprendre ses droits et l’a soutenue à chaque étape du processus de demande du document d’identité. Botul a pu obtenir sa carte d’identité, après quoi elle a immédiatement demandé les certificats de naissance de ses enfants. Maintenant, pendant que ses enfants vont à l’école, Botul partage ses nouvelles connaissances avec sa communauté.

Par son programme de justice citoyenne, Namati Kenya forme et déploie des parajuristes communautaires afin de soutenir les citoyens marginalisés et les aider à comprendre et utiliser la loi pour ultimement pouvoir la façonner. Depuis 2013, les parajuristes de Namati Kenya ont aidé plus de 12 000 Kényans à présenter une demande de documents juridiques. Avec les données recueillies d’après ces cas, l’organisation suit les tendances discriminatoires dans le pays et plaide en faveur d’un changement systémique. Namati Kenya fait également de la sensibilisation juridique par le biais de mobilisations populaires, du porte-à-porte, des forums communautaires et une émission de radio sur les droits des communautés. Actuellement, Namati Kenya mène les efforts de plaidoyer visant à apporter des modifications à Huduma Namba, un nouveau système national d’identification basé sur la biométrie, afin de s’assurer qu’aucun Kényan n’en soit exclu.

Travaillant avec une coalition de partenaires, Namati Kenya réunit des communautés diversifiées pour reconnaître leurs défis communs et pour initier un dialogue national sur « qui est Kényan » et ce que l’appartenance signifie. La création de tels liens entre diverses communautés est une étape essentielle à l’établissement d’une société inclusive et pluraliste. Par leur travail sur la justice citoyenne, Namati Kenya transforme la loi en la faisant passer d’un système abstrait au service d’une minorité, à un outil pratique et puissant que tous les citoyens du Kenya, dans toute leur diversité, peuvent utiliser pour améliorer leur vie et établir une société qui respecte les droits et la dignité de tous ses membres.

Le Kenya, qui abrite près de 50 millions de personnes, possède une population extrêmement diversifiée composée de plus de 40 groupes ethniques représentant quatre grands groupes linguistiques. Le pays est également diversifié du point de vue religieux, avec une majorité chrétienne, une importante minorité musulmane et des communautés adhérant à l’hindouisme, au sikhisme et à des religions autochtones. Après des élections contestées en 2008, la violence a éclaté entre groupes ethniques. Après des mois de conflit, une nouvelle Constitution a été rédigée pour reconnaître la nature pluraliste de la société kényane. Malgré cela, plusieurs groupes minoritaires, particulièrement les communautés à majorité musulmane, sont considérés comme des étrangers et ont de la difficulté à se faire reconnaître comme citoyens à part entière.

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