Rupantar

« Le jury a été impressionné par l’approche créative de Rupantar, qui réalise des performances culturelles pour aborder de délicats enjeux sociaux. Rupantar travaille réellement à la base en mobilisant les personnes les plus vulnérables du Bangladesh, y compris les femmes et les jeunes, afin de contribuer à la création d’une vigoureuse démocratie. »

Joe Clark, ancien premier ministre du Canada et président du jury du Prix.

L’histoire de Rupantar

Vêtus de costumes colorés, les artistes changent et jouent des instruments sur une scène extérieure. « Les droits de la personne sont bafoués encore et encore… », chantent-ils, « … pourtant, personne n’en parle ».

Bien que divertissante, la chanson est aussi un appel à l’action pressant le public de revendiquer ses droits et de protéger les populations vulnérables. Ce type de prestation fait partie d’une forme de performance folklorique populaire traditionnelle. C’est également un des nombreux outils utilisés par l’organisme à but non lucratif Rupantar pour aborder de pressants problèmes sociaux au Bangladesh.

Rupantar, qui signifie « transformation », travaille au Bangladesh depuis 1995. L’organisme a été fondé par deux personnes de religion différente qui partageaient une vision commune d’une société juste. Dans un contexte aussi complexe, Rupantar a adopté une approche réellement globale pour encourager le changement social et promouvoir le pluralisme. Ses programmes couvrent cinq volets : la démocratie et l’autonomisation politique, la paix et la tolérance, la gestion des catastrophes et l’adaptation au changement climatique, les droits des enfants et des jeunes, et le dialogue culturel à travers les médias populaires et le théâtre folklorique. Avec un personnel diversifié de 525 personnes, Rupantar est le plus grand organisme de sensibilisation et de mobilisation sociale au Bangladesh.

Rupantar travaille à la base pour habiliter des habitants de populations vulnérables à devenir des agents de changement dans leur communauté. L’organisme réussit particulièrement à mobiliser les femmes et les jeunes leaders. Par exemple, depuis 1998, Rupantar a contribué à mettre sur pied 32 organisations féminines enregistrées auprès du gouvernement, habilitant les femmes à briguer et à remporter des sièges lors d’élections locales. Rupantar a également réussi à mettre en œuvre l’initiative Promouvoir l’engagement et l’action pour contrer l’extrémisme (PEACE), laquelle relie des jeunes de différents groupes sociaux pour promouvoir la tolérance et le pluralisme dans leur communauté. Rupantar a entrepris plus de 200 dialogues religieux lors desquels les musulmans, les hindous et les chrétiens ont élaboré des plans d’action pour combattre l’extrémisme.

Le travail de Rupantar est vaste. Parfois, cela prend la forme d’un dialogue entre dirigeants religieux. D’autres fois, il s’agit d’une chanson folklorique sur les droits territoriaux ou d’une campagne de sensibilisation au changement climatique. Dans un pays aussi complexe, son approche doit être multidimensionnelle. Toutefois, une chose demeure constante : l’objectif de l’organisme visant à mobiliser la population diversifiée du Bangladesh pour établir une paix et une stabilité durables ainsi qu’une démocratie vibrante.

Le Bangladesh est un des pays les plus peuplés au monde et possède une diversité religieuse et ethnique considérable. L’histoire du pays est marquée par des périodes de règne colonial, de pauvreté, de famine, de tensions ethniques, de troubles politiques et de coups militaires. Le Bangladesh continue d’expérimenter un important changement économique et social et affronte de nombreux défis, y compris l’instabilité politique, la corruption et la discrimination. Dans les dernières années, l’instabilité sociale a été exacerbée par de violentes attaques de la part de groupes extrémistes, par des rapports de sévices infligés par des agents du maintien de l’ordre public et par une crise humanitaire causée par l’arrivée d’environ 740 000 Rohingyas en provenance du Myanmar.

La Fondation Adyan

« Les projets d’Adyan ont réussi à toucher des milliers de citoyens, réunissant des jeunes, des familles et des bénévoles pour surmonter des obstacles culturels et religieux et amorcer une conversation sur la citoyenneté et l’appartenance communes. Malgré des tensions religieuses dans la région, Adyan présente une inspirante vision de communautés inclusives et de solidarité spirituelle au Liban et au Moyen-Orient. »

Joe Clark, ancien premier ministre du Canada et président du jury du Prix.

L’histoire d’Adyan

Dans une courte vidéo sur Taadudiya, une plateforme en ligne créée par la Fondation Adyan, Jihad et Rita fondent une école de musique dans une communauté rurale du Liban et des enfants viennent de près et de loin pour s’y inscrire. Dans une autre vidéo, Sameh et Hanaa s’attaquent au sectarisme religieux en Égypte en réunissant des enfants chrétiens et musulmans pour jouer au soccer. Un autre clip montre Salam et Zeinab qui réussissent à écarter leurs différences religieuses pour développer une profonde amitié fondée sur leur passion commune pour leur travail à la radio et à la télévision.

Fondée en 2006 par un groupe de chrétiens et de musulmans, la Fondation Adyan travaille au Liban et dans tout le Moyen-Orient pour favoriser le respect de la diversité culturelle et religieuse au moyen d’initiatives communautaires dans les domaines de l’éducation, des médias et de la politique publique ainsi que par l’échange interculturel et interreligieux. Son objectif est d’aider les individus à développer leur foi en cultivant une ouverture aux autres et un engagement à servir le bien commun.

Une des plus récentes initiatives d’Adyan, Taadudiya, qui veut dire « pluralisme » en arabe, remet en question les récits extrémistes de haine et de violence en fournissant de l’information non biaisée sur les croyances et les traditions religieuses et en présentant des vidéos de gens ordinaires engagés envers l’inclusion religieuse dans leur communauté. Dans sa première année, la plateforme en ligne a atteint 38 millions de personnes.

Adyan agit à plusieurs niveaux. Ses réseaux interreligieux relient les jeunes, les familles et les bénévoles de différents contextes sociaux et religieux pour partager des expériences et renforcer la compréhension et la confiance mutuelles. L’Institut de la citoyenneté et de la diversité – le volet académique d’Adyan – offre des formations, effectue de la recherche, anime des conférences et promeut l’éducation à la citoyenneté et à la coexistence. En 2007, Adyan a lancé le programme Alwan pour l’éducation à la coexistence, lequel établit des clubs sociaux dans des écoles diversifiées sur le plan religieux. Ces clubs, qui renforcent la cohésion sociale et diminuent l’intolérance chez les enfants, ont atteint plus de 4 158 élèves dans 42 écoles libanaises. S’appuyant sur son travail en éducation, Adyan s’est associée avec le ministère de l’Éducation du Liban pour réformer le programme scolaire et revoir la façon dont la diversité est abordée dans les écoles.

Adyan favorise le pluralisme en aidant des groupes divergents à trouver un terrain commun. Malgré les tensions religieuses actuelles dans la région, Adyan définit une inspirante vision de communautés inclusives et de solidarité spirituelle au Liban et au Moyen-Orient.

Le Liban est un des pays les plus diversifiés du point de vue religieux au Moyen-Orient. La religion est étroitement liée à chaque aspect de la société, en partant du gouvernement jusqu’à l’éducation. Les divisions politiques fondées sur des clivages sectaires ont contribué à d’anciens conflits, y compris la guerre civile libanaise (1975-1990). La récente montée d’extrémisme et l’arrivée d’un million et demi de réfugiés syriens ont exacerbé les tensions. Dans un pays où la religion a souvent divisé les gens, la Fondation Adyan travaille pour abattre les obstacles culturels et religieux et promouvoir le fait que l’ouverture à l’autre est cruciale à l’établissement de la paix. Adyan travaille maintenant au-delà du Liban, ayant de récents projets visant à renforcer la cohésion sociale et la citoyenneté inclusive en Irak.

GIN-SSOGIE

L’histoire de GIN-SSOGIE

Quelque part en Afrique du Sud, des personnes croyantes LGBTQI+ forment deux cercles concentriques dont les participants se font face. L’animateur pose la question suivante : « Quels messages avez-vous reçus des autres sur le fait d’être un garçon ou une fille lorsque vous étiez enfant? ». Lorsque les participants ont parlé de leurs expériences, le cercle intérieur se déplace afin que chacun se retrouve face à une nouvelle personne. L’animateur pose la question suivante : « Quels sont les premiers messages que vous avez reçus concernant votre spiritualité et votre orientation sexuelle? ». Le cercle se déplace à nouveau. « Quels messages avez-vous reçus sur le fait d’être un « bon chrétien »? » Ces participants prennent part à une retraite de cinq jours organisée par le Réseau interconfessionnel mondial pour les personnes de tous les sexes, de toutes les orientations sexuelles et de toutes les identités et expressions de genre (GIN-SSOGIE). Une partie de la retraite est consacrée à l’examen de stratégies visant à transformer les points de vue sur le genre et la sexualité dans les communautés religieuses. Le GIN-SSOGIE aidera ultérieurement les participants à entreprendre avec confiance et compassion un dialogue avec les chefs religieux. Le GIN-SSOGIE contribue à garantir le respect des opinions, des valeurs et des droits des personnes de tous les sexes, de toutes les orientations sexuelles et de toutes les identités et expressions de genre. 

Les personnes LGBTQI+ sont confrontées à une discrimination, une violence, une persécution, une marginalisation et une criminalisation considérables. Dans de nombreux pays, le fait d’être homosexuel (ou transgenre) est illégal et parfois passible de peine de mort. En outre, de graves violations des droits de la personne sont perpétuées au nom de la religion et de la tradition. Dans certains contextes, les autorités religieuses alimentent l’hostilité en s’exprimant contre les personnes LGBTQI+ et en interprétant les doctrines religieuses de manière à les exclure et à promouvoir la violence à l’encontre de l’homosexualité et de la non-conformité au genre. Parmi les récits néfastes, on trouve l’idée qu’il existe un conflit inhérent entre le fait d’être une personne religieuse et le fait d’être LGBTQI+. 

Établi en Afrique du Sud, le GIN-SSOGIE est un réseau de 480 personnes et organisations de 92 pays qui luttent contre la violence et la persécution dont sont victimes les minorités sexuelles et de genre. Les programmes de plaidoyer du GIN-SSOGIE amplifient les voix des personnes LGBTQI+ de multiples confessions en provenance des pays du Sud et de l’Est dans les espaces politiques de haut niveau qui ont été dominés par les perspectives occidentales. En plus de préparer les personnes LGBTQI+ à engager un dialogue avec des autorités religieuses, les programmes du GIN-SSOGIE guident les autorités religieuses dans leur recherche de nouvelles compréhensions des récits religieux et dans la création de communautés confessionnelles plus inclusives. L’organisation développe également des ressources médiatiques, politiques et théologiques pour contrer les récits religieux discriminatoires et promouvoir la solidarité.  

Grâce au GIN-SSOGIE, davantage de personnes LGBTQI+ revendiquent leur foi avec confiance et l’utilisent pour renforcer leur plaidoyer. Le GIN-SSOGIE a démontré que la religion peut être un puissant levier d’inclusion; un lieu pour célébrer tous les êtres humains et pour s’assurer que chacun se sente en sécurité, respecté et libre de développer sa vie spirituelle.