Welcoming America

L’histoire de Welcoming America

Lorsque David Lubell avait cinq ans, ses parents lui ont dit de ne pas parler aux étrangers. Cette mise en garde est commune, mais c’est en l’entendant que David a éprouvé la peur pour la première fois.

Aujourd’hui, des décennies après que David ait eu la conversation qu’il appelle « étranger égal danger », les États-Unis connaissent la croissance la plus rapide d’immigration depuis le début des années 1900. Également en hausse sont l’anxiété et la méfiance au sein des communautés comptant de nombreux immigrants, les crimes de haine ciblant les résidents nés à l’étranger, les politiques anti-immigration, et l’aliénation entre les immigrants et les résidents de longue date.

David vivait dans le Tennessee lorsqu’il s’est rendu compte que malgré une augmentation du taux d’immigration de 400 % dans son État, il n’y avait aucune coordination à vaste échelle des efforts visant à aider les immigrants. Il a également remarqué qu’aucun effort n’était fait pour préparer les communautés d’accueil aux importants changements démographiques dont elles feraient l’expérience. David a fondé Welcoming Tennessee en 2006 pour aider les immigrants à devenir des membres actifs de leur nouvelle société, et ce, avec le soutien de leurs communautés d’accueil. Aujourd’hui, Nashville, au Tennessee, est devenue un leader économique dans la région. Les dirigeants de la société civile et du monde des affaires attribuent ce succès au climat d’accueil de la ville et à son intégration réussie des immigrants.

Welcoming Tennessee est rapidement devenue Welcoming America, une organisation de bienfaisance primée qui jette des ponts entre les nouveaux arrivants et les résidents de longue date. L’organisation a élaboré une norme d’accueil qui fournit une feuille de route complète pour l’inclusion des immigrants. Elle encourage les interactions entre les immigrants et leur communauté d’accueil pour bâtir la confiance et aider les dirigeants locaux à faire participer les nouveaux arrivants dans la planification de la ville. À ce jour, Welcoming America a créé plus de 570 politiques et programmes inclusifs pour améliorer la vie des immigrants en les aidant à apprendre l’anglais, réussir leurs études, se bâtir une carrière, démarrer une entreprise ou participer à la vie citoyenne. Welcoming America touche maintenant 380 communautés d’un bout à l’autre des États-Unis et a conclu des partenariats en Allemagne et en Australie.

L’organisation se fonde sur la croyance voulant que lorsque les nouveaux arrivants se sentent valorisés et qu’on les encourage à participer aux tissus social, civique et économique de leur ville d’adoption, tout le monde en bénéficie. Les communautés se bonifient — en devenant plus dynamiques et prospères — lorsqu’elles embrassent la diversité et favorisent le développement du potentiel de leurs nouveaux résidents.

Sawa for Development and Aid 

L’histoire de Sawa for Development and Aid

En janvier 2011, Rouba Mhaissen, alors âgée de 22 ans, rendait visite à sa famille au Liban, où elle a entendu parler des 40 premiers réfugiés syriens qui traversaient la frontière pour entrer au Liban. Elle est montée en voiture et s’est rendue à la frontière pour rencontrer les réfugiés. Après leur avoir demandé ce dont ils avaient besoin, elle a envoyé un message texte à toutes ses connaissances, leur expliquant la situation tragique et les besoins pressants des familles. Son message s’est répandu et des centaines de personnes l’ont contactée pour lui offrir des dons ou leur aide-bénévole.

À la fin de 2011, Rouba avait créé Sawa4Syria, une initiative locale dirigée par des jeunes et une des premières organisations au Liban à répondre aux besoins des réfugiés syriens. Le terme Sawa signifie « ensemble ». Rapidement, l’organisation a grandi et est devenue l’organisation de bienfaisance Sawa for Development and Aid, laquelle offre un secours global aux réfugiés syriens au Liban ainsi qu’au Royaume-Uni.

En plus du secours humanitaire traditionnel que l’organisation offre dans 16 villages de tentes abritant des milliers de réfugiés, Sawa incorpore des programmes d’éducation et de subsistance pour aider les réfugiés à acquérir une indépendance financière. Dans leur cuisine gratuite dirigée par des bénévoles syriens et libanais, Sawa nourrit quotidiennement plus de 4 000 personnes. Son centre pédagogique prépare les enfants syriens aux examens d’entrée dans les écoles libanaises et leurs programmes de travail rémunéré emploient près de 50 réfugiés à tout moment.

Avec plus de 1,5 million de réfugiés syriens au Liban, les tensions se sont accrues entre les réfugiés et leurs communautés d’accueil, un enjeu que Sawa tente de résoudre à travers l’éducation et la sensibilisation au Liban. Tous les programmes de Sawa sont conçus, réalisés et appliqués par des réfugiés, ce qui garantit que le travail se concentre sur les enjeux qui comptent le plus pour les gens qu’il aide.

Lorsque Rouba est allée à la rencontre des réfugiés syriens en 2011, elle ne savait pas que, six ans plus tard, elle aurait démarré une organisation dotée d’un vaste réseau de partenaires locaux et internationaux qui répond aux besoins des réfugiés syriens au Liban et au Royaume-Uni. En 2011, elle leur a simplement demandé : « De quoi avez-vous besoin? » Elle a découvert qu’au-delà du secours humanitaire, ils avaient besoin qu’on leur donne l’occasion de contribuer de manière utile à leur nouvelle société. Elle a également appris qu’en embrassant la diversité, le Liban était devenu un milieu de vie plus riche et plus tolérant.

ATD Quart Monde

ATD Quart Monde’s Story

En 1956 , le père Joseph Wresinski venait tout juste d’arriver en France pour agir à titre d’aumônier auprès de 250 familles de sans-abri regroupées à Noisy-le-Grand, un camp d’hébergement d’urgence près de Paris. Les conditions dans le camp étaient épouvantables : des cabanes de tôle sur un terrain boueux, quatre pompes à eau pour plus de mille personnes, et des enfants mourant gelés ou brûlés lorsque les systèmes de chauffage de fortune ne fonctionnaient pas.

Lui-même issu d’un milieu pauvre, le père Joseph comprenait les habitants de Noisy-le-Grand. Une des premières choses qu’il a faites fut de remplacer la soupe populaire et la distribution de vêtements d’occasion par une librairie et un jardin d’enfants. Il envoyait ainsi un message clair qui est toujours au cœur du mouvement ATD Quart Monde : les personnes qui vivent dans la pauvreté n’ont pas besoin de pitié et de charité; ils ont besoin de s’impliquer dans la lutte contre la pauvreté. Ils ont besoin d’être entendus par les décideurs.

« Je vous ferai monter les marches de l’Élysée, des Nations Unies et du Vatican », le père Joseph a-t-il promis aux familles de Noisy-le-Grand. Lorsqu’il est décédé en 1987, après avoir passé 30 ans à consolider des alliances et défendre leur cause, il les avait amenés à parler aux plus hautes autorités en France et à des diplomates des Nations Unies. Quant à la visite au Vatican, elle a eu lieu deux ans plus tard.

Le projet de développement communautaire que le père Joseph a commencé à Noisy-le-Grand a grandi pour devenir ATD Quart Monde, une organisation internationale dont le siège social est à Paris et qui est vouée à l’éradication de la pauvreté et à l’autonomisation des personnes les plus désavantagées du monde. ATD signifie Aide à Toute Détresse et, fidèle à son nom, le mouvement a uni des milliers de personnes de toutes affiliations politiques, religieuses, culturelles et socioéconomiques dans 34 pays.

En France, ATD Quart Monde a contribué à intégrer des groupes marginalisés dans la société en apportant des changements à l’échelle structurelle et légale; une composante essentielle du pluralisme. Par exemple, ATD a été déterminante à l’adoption d’un revenu minimum d’insertion pour les gens sans emploi, à la couverture de santé universelle et au droit au logement opposable. La moitié de l’aide sociale en France aujourd’hui découle des actions d’ATD. À l’échelle internationale, ATD Quart Monde est représentée à l’UNESCO et aux Nations Unies.

Sur les terrains boueux de Noisy-le-Grand est né un mouvement international. Aujourd’hui, il unit des individus de cinq continents et de tous horizons dans un travail visant à créer un monde meilleur et sans pauvreté.

SINGA

« Dans le cycle des médias d’aujourd’hui, les mauvaises nouvelles sur la migration occultent souvent les histoires positives. La communauté de SINGA propose un regard beaucoup plus optimiste. Les programmes de SINGA ont ouvert des voies vers la relation et l’empathie, et contestent activement la désinformation et la xénophobie à l’égard des demandeurs d’asile. »

Joe Clark, ancien premier ministre du Canada et président du jury du Prix.

L’histoire de SINGA

Et si la migration devenait une histoire de possibilités plutôt que de crise? Et si au lieu de parler de « nous » contre « eux », nous nous tournions vers le potentiel du terme « ensemble »?

Considérez l’histoire de deux hommes. Foday est un comptable de la Sierra Leone. Cyril est un comptable agréé de KPMG France. Les deux hommes apprennent à se connaître. Foday fait du progrès en français alors que Cyril découvre qu’il n’est pas en présence d’un réfugié, mais d’un collègue comptable, d’un expert dans son domaine et, finalement, d’un nouvel ami.

Imaginez Donia, qui a démarré une fructueuse entreprise de traiteur, proposant des mets du monde entier préparés par des femmes de milieux immigrants.

Découvrez Simon, qui a construit un projet de coopérative d’habitations pour les réfugiés et les Français.

En mettant des individus en contact, SINGA contribue à rendre les sociétés plus sécuritaires, pluralistes et créatives, où les réfugiés et les migrants, comme tout le monde, ont un rôle à jouer. SINGA croit que chaque individu a le droit d’appartenir là où bon lui semble. Cela requiert la création d’espaces où les gens peuvent partager des expériences enrichissantes et créer des liens durables et des réseaux professionnels.

SINGA signifie « lien » en lingala, une langue essentiellement parlée dans la République démocratique du Congo. Pour relier les nouveaux arrivants et leur société d’accueil, SINGA, en collaboration avec les populations locales, a lancé une plateforme où les individus et les organisations peuvent offrir des événements et des programmes pour contribuer à aplanir les différences et à réunir les gens.

SINGA a travaillé avec plus de 5 000 réfugiés et 20 000 habitants locaux. Grâce à la mobilisation citoyenne et à la participation d’organisations, le mouvement s’est déployé dans 19 villes européennes, est en voie de le faire dans neuf autres lieux, et dirige huit incubateurs voués à l’innovation dirigée par des migrants. Neuf mois après avoir participé aux programmes de SINGA, la majorité des réfugiés se trouvent un emploi, ont un habitat durable et peuvent communiquer en français grâce à ce nouveau réseau social où ils collaborent, créent et expérimentent la vie dans leur pays d’accueil. Les avantages de ces liens sont loin d’être unilatéraux. Il existe un grand sentiment d’enrichissement des deux côtés, car, et c’est la seule règle de SINGA, les nouveaux-arrivants et les locaux participent ENSEMBLE.

Ces relations transforment l’histoire globale des migrants en Europe, la faisant passer d’une histoire de méfiance à une histoire d’amitié et de sentiment d’appartenance commun. Enfin, les programmes de SINGA déclenchent la créativité et donnent vie à de nouveaux projets et à de nouvelles idées, associations et entreprises.

Les préoccupations à l’égard des mouvements de population massifs ont explosé dans la conscience publique en 2015. Les réfugiés et les migrants du Moyen-Orient et de l’Afrique qui fuient la sécheresse, la pauvreté et la violence ont commencé à arriver sur les côtes européennes. En 2018, la population de réfugiés en France était estimée à 350 000 personnes. La xénophobie s’est répandue dans toute l’Europe. Les nouveaux-arrivants sont représentés par certains médias et politiciens comme des menaces ou des victimes mettant en danger leur société d’accueil ou drainant ses ressources. SINGA a été fondée pour aider à changer les perceptions des réfugiés et des demandeurs d’asile en Europe.

Trésor Nzengu Mpauni

L’histoire de Trésor

Sur une grande scène, le chanteur et rappeur congolais Ced Koncept se produit devant une énorme foule d’amateurs en mouvement. Il est suivi par un chanteur de gospel malawien, qui passe ensuite le micro à un groupe de musique reggae. La jeune génération d’artistes émergents occupe une scène voisine. Frayez-vous un passage parmi la foule de festivaliers enjoués et vous découvrirez une panoplie de présentations culturelles dynamiques : pièces de théâtre, récitals de poésie, défilés de mode et kiosques d’artisanat. Cette joyeuse célébration de la musique, des arts et de la culture est le Festival Tumaini, et celui-ci se déroule dans un camp de réfugiés.

Le Festival Tumaini est l’idée originale de Trésor Nzengu Mpauni, aussi connu par son nom de scène Menes la Plume, un populaire artiste hip-hop, écrivain et slameur congolais. Contraint de fuir son pays d’origine, Trésor est arrivé au Malawi en tant que réfugié, se relocalisant dans le camp de Dzaleka. Comme l’a rapidement découvert Trésor, les réfugiés font face à de nombreux obstacles à l’intégration au Malawi. Les politiques nationales de confinement dans le camp limitent les droits des réfugiés de se déplacer librement et d’accéder à l’emploi ou à l’éducation en dehors du camp, empêchant la population de pouvoir améliorer ses conditions de vie et de contribuer à sa société d’accueil. Comprenant que les Malawiens pourraient grandement bénéficier du talent et de la diversité dont il était témoin dans son camp, Trésor a fondé Tumaini Letu (« notre espoir » en swahili), un organisme à but non lucratif qui se consacre à la promotion de l’inclusion sociale, économique et culturelle des réfugiés par les arts et la culture. Deux ans plus tard, en 2014, Trésor a organisé le premier Festival Tumaini comme plateforme faisant valoir l’harmonie interculturelle, la compréhension mutuelle et la coexistence pacifique entre les réfugiés et les communautés d’accueil du Malawi.

En six éditions de ce festival de trois jours, Trésor a réuni plus de 300 artistes de 18 pays et attiré plus de 99 000 festivaliers du monde entier. Le Festival Tumaini est non seulement le seul festival de musique au monde à se tenir dans un camp de réfugiés, il est également devenu un des plus importants événements au Malawi. Étant la principale source de revenus pour Dzaleka, le festival offre des possibilités d’emploi et d’affaires aux réfugiés avant, pendant et après l’événement. En plus de se produire en spectacle, plusieurs réfugiés vendent de la nourriture et des objets artisanaux aux festivaliers ou les accueillent dans leur foyer par le biais du programme de logement chez l’habitant.

Par son travail avec Tumaini Letu, Trésor a initié un important changement des perceptions à l’égard des réfugiés au Malawi et dans le monde. Il a montré qu’un camp de réfugiés pouvait être un lieu dynamique où les gens se rassemblent pour célébrer la diversité. Il a montré que lorsque les sociétés ouvrent leurs portes aux réfugiés, elles accueillent alors une extraordinaire source de résilience, de talent et de possibilités.

Situé à environ 40 km de Lilongwe, la capitale du Malawi, le camp de réfugiés de Dzaleka a été établi par le Haut-Commissaire des Nations Unies pour les réfugiés en 1994 afin de répondre à l’augmentation des personnes déplacées de force pour fuir le génocide et le conflit au Rwanda, au Burundi et dans la République démocratique du Congo. Avant de devenir un camp de réfugiés, Dzaleka était une prison politique détenant près de 6 000 prisonniers. Aujourd’hui, Dzaleka est le seul camp de réfugiés permanent au Malawi. Le camp abrite plus de 50 000 réfugiés et demandeurs d’asile d’environ 15 nationalités, et accueille des centaines de nouvelles personnes par mois. La politique malawienne de confinement dans le camp empêche les réfugiés d’habiter à l’extérieur du camp, ce qui limite leur accès à l’éducation supérieure et aux emplois formels.