OnBoard Canada
« Le Canada est un excellent exemple de pays pluraliste. Toutefois, nous avons encore des difficultés à certains égards. onBoard a contribué à changer l’image du leadership dans ce pays en adoptant une approche qui devrait servir de modèle à d’autres pays qui luttent avec la représentation et l’accès à des possibilités égales. »
Joe Clark, ancien premier ministre du Canada et président du jury du Prix.
L’histoire d’onBoard
Observez les membres des conseils d’administration d’entreprises privées et publiques du Canada et vous remarquerez un décalage persistant avec la composition de la population canadienne. Le Canada est depuis longtemps fier de sa diversité, mais la composition de ses conseils d’administration ne dit pas la même chose.
onBoard Canada a été créée pour aborder cet écart entre les décideurs du Canada et la réalité démographique du pays. onBoard a reconnu qu’il n’était pas suffisant d’être un pays diversifié, mais que le Canada devait également être activement inclusif. Sans une réelle inclusion, comment le leadership canadien pourrait-il un jour profiter de la diversité du pays?
Pour ouvrir la voie vers le leadership, onBoard Canada offre des formations en gouvernance aux participants intéressés ainsi qu’un service de jumelage avec des conseils d’administration aux membres de communautés sous-représentées. onBoard offre également des formations aux secteurs à but non lucratif et public pour aider les dirigeants à reconnaître leur propre privilège et pour leur offrir des outils pour créer des milieux de travail plus inclusifs. En tant que programme de l’École de formation continue G. Raymond Chang de l’Université Ryerson, onBoard Canada effectue de la recherche en partenariat avec l’Institut de la diversité sur le manque de diversité au sein du leadership du Canada.
En aidant les individus sous-représentés à revendiquer un siège à la table des décisions, onBoard Canada s’assure que davantage de Canadiens puissent prendre part aux décisions qui les touchent. Toutefois, les groupes sous-représentés au Canada ne sont pas les seuls bénéficiaires. Les conseils d’administration sont revigorés et renforcés par un vaste éventail de voix et de perspectives.
onBoard Canada a changé la composition des conseils d’administrations d’entreprises privées et d’organisations à but non lucratif dans le Grand Toronto et dans plusieurs villes du pays. onBoard a formé et jumelé des milliers de personnes à des possibilités offertes par des conseils d’administration, et plus de 1 000 personnes ont été élues dans plus de 800 organismes à but non lucratif, agences publiques, conseils et commissions.
En comblant le fossé entre la diversité et l’inclusion dans le leadership canadien, onBoard rehausse les normes en matière de gouvernance moderne. En définitive, le Canada tout entier en profite.
Le Canada est un pays diversifié et de récentes projections démographiques suggèrent que sa diversité ethnoculturelle continuera de croître. D’ici 2031, de 29 % à 32 % de la population du pays sera composée de minorités visibles. D’autres communautés diversifiées au Canada sont également de plus en plus visibles et exigent d’être reconnues et représentées. Des individus de la communauté LGBTQ+ se sentent de plus en plus en sécurité de s’affirmer publiquement; des jeunes veulent participer aux prises décisionnelles; et la Commission de vérité et réconciliation a identifié 94 appels à l’action hautement publicisés pour une réconciliation entre les peuples autochtones et les Canadiens. Toutefois, le leadership ne représente pas cette réalité. En 2017, l’Institut de la diversité de l’Université Ryerson découvre que les minorités visibles occupent 3,3 % des postes au sein des conseils d’administration, une augmentation de moins de 1 % depuis 2014. Bien que les femmes représentent 48 % de la population active, en 2017, elles n’occupent que 14,5 % des sièges des conseils d’administration canadiens au sein des entreprises divulguant ces renseignements.
La Fondation Adyan
« Les projets d’Adyan ont réussi à toucher des milliers de citoyens, réunissant des jeunes, des familles et des bénévoles pour surmonter des obstacles culturels et religieux et amorcer une conversation sur la citoyenneté et l’appartenance communes. Malgré des tensions religieuses dans la région, Adyan présente une inspirante vision de communautés inclusives et de solidarité spirituelle au Liban et au Moyen-Orient. »
Joe Clark, ancien premier ministre du Canada et président du jury du Prix.
L’histoire d’Adyan
Dans une courte vidéo sur Taadudiya, une plateforme en ligne créée par la Fondation Adyan, Jihad et Rita fondent une école de musique dans une communauté rurale du Liban et des enfants viennent de près et de loin pour s’y inscrire. Dans une autre vidéo, Sameh et Hanaa s’attaquent au sectarisme religieux en Égypte en réunissant des enfants chrétiens et musulmans pour jouer au soccer. Un autre clip montre Salam et Zeinab qui réussissent à écarter leurs différences religieuses pour développer une profonde amitié fondée sur leur passion commune pour leur travail à la radio et à la télévision.
Fondée en 2006 par un groupe de chrétiens et de musulmans, la Fondation Adyan travaille au Liban et dans tout le Moyen-Orient pour favoriser le respect de la diversité culturelle et religieuse au moyen d’initiatives communautaires dans les domaines de l’éducation, des médias et de la politique publique ainsi que par l’échange interculturel et interreligieux. Son objectif est d’aider les individus à développer leur foi en cultivant une ouverture aux autres et un engagement à servir le bien commun.
Une des plus récentes initiatives d’Adyan, Taadudiya, qui veut dire « pluralisme » en arabe, remet en question les récits extrémistes de haine et de violence en fournissant de l’information non biaisée sur les croyances et les traditions religieuses et en présentant des vidéos de gens ordinaires engagés envers l’inclusion religieuse dans leur communauté. Dans sa première année, la plateforme en ligne a atteint 38 millions de personnes.
Adyan agit à plusieurs niveaux. Ses réseaux interreligieux relient les jeunes, les familles et les bénévoles de différents contextes sociaux et religieux pour partager des expériences et renforcer la compréhension et la confiance mutuelles. L’Institut de la citoyenneté et de la diversité – le volet académique d’Adyan – offre des formations, effectue de la recherche, anime des conférences et promeut l’éducation à la citoyenneté et à la coexistence. En 2007, Adyan a lancé le programme Alwan pour l’éducation à la coexistence, lequel établit des clubs sociaux dans des écoles diversifiées sur le plan religieux. Ces clubs, qui renforcent la cohésion sociale et diminuent l’intolérance chez les enfants, ont atteint plus de 4 158 élèves dans 42 écoles libanaises. S’appuyant sur son travail en éducation, Adyan s’est associée avec le ministère de l’Éducation du Liban pour réformer le programme scolaire et revoir la façon dont la diversité est abordée dans les écoles.
Adyan favorise le pluralisme en aidant des groupes divergents à trouver un terrain commun. Malgré les tensions religieuses actuelles dans la région, Adyan définit une inspirante vision de communautés inclusives et de solidarité spirituelle au Liban et au Moyen-Orient.
Le Liban est un des pays les plus diversifiés du point de vue religieux au Moyen-Orient. La religion est étroitement liée à chaque aspect de la société, en partant du gouvernement jusqu’à l’éducation. Les divisions politiques fondées sur des clivages sectaires ont contribué à d’anciens conflits, y compris la guerre civile libanaise (1975-1990). La récente montée d’extrémisme et l’arrivée d’un million et demi de réfugiés syriens ont exacerbé les tensions. Dans un pays où la religion a souvent divisé les gens, la Fondation Adyan travaille pour abattre les obstacles culturels et religieux et promouvoir le fait que l’ouverture à l’autre est cruciale à l’établissement de la paix. Adyan travaille maintenant au-delà du Liban, ayant de récents projets visant à renforcer la cohésion sociale et la citoyenneté inclusive en Irak.
The “Learning History that is not yet History” Team
« C’est très important pour notre équipe de recevoir une reconnaissance internationale pour le travail qu’elle fait depuis plus de 16 ans avec un appui minimal. Pour les enseignants, il est très difficile de composer, en classe, avec le caractère délicat de l’histoire des guerres yougoslaves des années 1990. Nous sommes personnellement liés à sujet et plusieurs d’entre nous, y compris des membres de cette équipe, ne l’ont pas abordé pendant des décennies. Il est maintenant temps de parler du passé de façon responsable et d’enseigner les conflits de 1990 afin de bâtir un avenir empreint de compréhension mutuelle, de paix et de réconciliation. »
Bojana Dujkovic, représentante de l’équipe « Apprendre l’histoire qui ne fait pas encore partie de l’histoire »
L’histoire de l’équipe
Un groupe d’étudiants s’approche d’une photo représentant un soldat bosniaque durant les conflits de 1990. Un autre groupe étudie une photo de personnes qui marchent dans les rues jonchées de décombres à Vukovar, en Croatie, en 1991. On leur demande : « Que voyez-vous? Comment vous sentez-vous devant cette photo? Selon vous, qu’est-ce que le photographe essaie de vous montrer? » Parler d’une photo peut sembler être un exercice d’apprentissage simple, mais dans les pays de l’ex-Yougoslavie, il s’agit d’un exercice fort complexe.
Dans les écoles, les guerres sont soit ignorées, soit enseignées de façon simpliste et unidimensionnelle, ce qui empêche les apprenants d’éprouver de la compassion envers autrui ou d’autres groupes ethniques. Un groupe de spécialistes de l’histoire et de l’éducation provenant d’un bout à l’autre des Balkans occidentaux veulent changer cela. En 2003, ils ont formé un réseau régional unique qui depuis, s’est agrandi pour inclure des membres de la Bosnie-Herzégovine, de la Croatie, du Monténégro, de la Serbie, de la Macédoine, du Kosovo et de la Slovénie. Les enseignants viennent de différents contextes culturels, ethniques, professionnels et religieux. Ayant fait l’expérience des conflits de 1990 dans leur pays, ils ont écarté leurs préjugés personnels pour se réunir et promouvoir un enseignement responsable du passé.
Reconnaissant le danger que les récits simplistes et nationalistes représentent pour la paix sociale, ces spécialistes ont décidé de proposer une approche alternative. Ils croient que les enseignants et les étudiants doivent entrer en contact avec de multiples perspectives sur les guerres et se faire encourager à exercer leur esprit critique et leur empathie face à l’histoire.
En 2016, le réseau d’historiens et d’enseignants de la Bosnie-Herzégovine, de la Croatie, du Monténégro et de la Serbie s’est associé à l’Association européenne des enseignants d’histoire (EUROCLIO) et a lancé un projet qui a ensuite donné un nom à l’équipe : « Apprendre l’histoire qui ne fait pas encore partie de l’histoire » (LHH).
Conscient que les enseignants se sentent souvent mal outillés et non soutenus pour enseigner ces sujets délicats d’un point de vue allant à l’encontre d’un récit dominant et ethnocentrique, l’équipe LHH a créé une base de données de ressources gratuites. Ces livres, articles, vidéos et photos soutiennent et motivent les enseignants à enseigner les guerres de 1990 selon de multiples points de vue sans victimiser ou blâmer les autres. Au lieu de présenter une interprétation précise des événements, l’équipe LHH se concentre sur la vie quotidienne des personnes impliquées dans les conflits pour favoriser le sentiment d’une expérience commune.
Avec le partenariat et la collaboration des membres de l’équipe LHH, pour la première fois, des enseignants d’histoire en provenance de pays frappés par les guerres de 1990 ont révisé les ressources pédagogiques accessibles sur le sujet. Les résultats de leur projet – une base de données, du matériel pédagogique et des séances de formation pour enseignants – sont la seule approche objective proposée pour apprendre et enseigner l’histoire des récentes guerres.
L’équipe LHH donne aux étudiants et aux enseignants les outils pour lutter contre le type de division et d’étroitesse d’esprit qui pourraient entraîner de nouveaux conflits. En stimulant les discussions, la réflexion et la reconnaissance d’une expérience commune, l’équipe LHH utilise l’histoire en tant qu’outil puissant pour établir un pays durable dans sa région.
Les conflits qui se sont déroulés dans l’ex-Yougoslavie dans les années 1990 continuent d’avoir un profond impact sur la vie des gens. Les relations entre différents pays et groupes ethniques sont délicates et les guerres demeurent un sujet controversé. Les différents pays des Balkans occidentaux se souviennent des années 1990 de façons divergentes et souvent contradictoires. Les efforts pour faire face au passé ont été très lents et unilatéraux. Les guerres n’étaient pas enseignées dans les écoles jusqu’à récemment. Certaines interprétations de l’histoire sont promues par les élites politiques comme étant le récit « officiel », lequel est ensuite utilisé pour redéfinir les identités ethniques et politiques de manière à marginaliser et à exclure certains groupes tout en amplifiant le nationalisme. Ce récit se perpétue dans le système d’éducation.
Rose LeMay
L’histoire de Rose
Rose LeMay appartient à la Première Nation Tlingit de Taku River située dans le nord de la Colombie-Britannique, au Canada. Survivante de la rafle des années soixante, l’enlèvement à grande échelle des enfants autochtones à leur domicile, à leur communauté et à leur famille d’origine dans les années 1960 au Canada, Rose a été retirée de sa communauté alors qu’elle était bébé et a été élevée par une famille non autochtone. Elle a dû découvrir son identité loin de quiconque lui ressemblait et en étant régulièrement victime de racisme. Rose a fini par reconnaître que son expérience lui fournissait une occasion unique en lui permettant d’avoir un pied dans les deux mondes. Elle a donc résolu d’utiliser sa position pour accroître la compréhension entre ces mondes et bâtir un Canada plus pluraliste afin que ses enfants n’aient pas à subir la discrimination dont elle a été victime.
Rose a travaillé pour le gouvernement du Canada pendant vingt ans, plaidant en faveur d’un système de santé plus inclusif des communautés autochtones, en mettant un accent particulier sur la santé mentale. Elle a dirigé la conception d’un plan de santé mentale pour les survivants et élèves des pensionnats autochtones qui ont témoigné lors de la Commission nationale de vérité et de réconciliation (CVR). En 2016, elle a dirigé la Conférence mondiale sur la prévention du suicide chez les Autochtones portant sur la culture comme facteur protecteur, laquelle était tenue pour la première fois au Canada.
En 2017, Rose a fondé l’Indigenous Reconciliation Group (IRG) pour offrir une éducation aux adultes et une formation aux entreprises sur la compétence culturelle autochtone et la réconciliation. L’IRG sensibilise aux types de racisme à l’égard des personnes autochtones au Canada et à la façon dont les Canadiens peuvent travailler ensemble pour l’inclusion des Autochtones, que ce soit en s’assurant que les clients autochtones reçoivent la même qualité de soins de la part des prestataires de services de première ligne ou en soutenant les entreprises pour qu’elles éduquent leur personnel en matière de racisme.
Par le biais de l’IRG, Rose sensibilise le public dans les médias ou par ses conférences. Elle aide les entreprises à transformer leurs politiques et programmes pour soutenir la réconciliation en mettant en œuvre les Appels à l’action de la CVR. Les cours de Rose ont atteint plus de 5 000 personnes au Canada. Le gouvernement du Nunavut et le ministre des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation de la Colombie-Britannique ont fait appel à ses formations, le ministère ayant précisément cherché conseil auprès de l’IRG pour élaborer un plan stratégique visant à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Comme le souligne Rose, la réconciliation est un cheminement que les Canadiens autochtones et non autochtones ont choisi de suivre ensemble, et les leaders, alliés et agents de changement de tous secteurs de la société canadienne s’efforcent de mieux agir les uns envers les autres et pour le pays.
La Commission de vérité et de réconciliation du Canada (CVR) a été mise sur pied en 2008 pour documenter l’histoire et les impacts durables du système des pensionnats autochtones, à travers lequel 150 000 enfants autochtones ont été enlevés à leur communauté et envoyés dans des établissements financés par l’État, où ils ont été dépouillés de leur culture et sévèrement maltraités. La CVR a établi que le système des pensionnats autochtones équivaut au génocide culturel des peuples autochtones. En plus de guider les Canadiens dans la difficile découverte des faits derrière le système des pensionnats autochtones, la CVR devait établir les fondements d’une réconciliation durable au Canada. En 2015, la Commission a lancé 94 Appels à l’action qui ont été présentés au gouvernement du Canada pour la réconciliation entre les Canadiens et les peuples autochtones. En 2021, les tombeaux anonymes de milliers d’enfants autochtones ont été découverts sur divers sites d’anciens pensionnats autochtones. Ces rappels tragiques de l’héritage du système des pensionnats autochtones soulignent la gravité de la violence perpétrée, l’importance de cette conversation et l’urgent besoin d’actions concrètes pour une réconciliation.
Puja Kapai
« En récompensant mon travail visant à faire avancer la justice sociale en matière de race, de genre et de droits des minorités, ce prix rend visibles les réalités vécues de tous ceux qui sont régulièrement marginalisés et qui subissent l’exclusion et la discrimination systémique »
Puja Kapai
L’histoire de Puja
Ayant grandi au sein d’un groupe ethnique minoritaire dans la société racialement homogène de Hong Kong, Puja Kapai s’est heurtée à des obstacles à l’éducation dès son jeune âge. À l’époque, la ségrégation raciale dans les écoles était encore une pratique courante. Puja s’est donc inscrite à une école publique accueillant une forte concentration d’élèves issus de minorités ethniques. Cette école deviendrait un des quelques établissements désignés acceptant des enfants minoritaires. Alors que ses camarades chinois assistaient à des cours de cantonais, une langue qui leur permettrait d’obtenir de meilleurs emplois parmi la population active de Hong Kong, Puja devait se rendre dans la classe de musique pour effectuer des périodes d’étude autodidacte en compagnie d’autres enfants issus de minorités ethniques.
Malgré ce départ inégal, Puja a fini par devenir une chercheuse largement publiée, avocate, enseignante et défenseuse de la justice sociale. Elle a adopté une approche unique combinant la recherche empirique approfondie, la mobilisation populaire et le plaidoyer pour instaurer des changements durables à Hong Kong. Son rapport exhaustif sur le statut des minorités ethniques à Hong Kong réunit des données complètes pour présenter, pour la toute première fois, comment la nature systémique de la discrimination raciale s’inscrit dans plusieurs domaines, dont l’éducation, l’emploi et le logement. Le travail de Puja démontre l’importance d’aborder les facteurs étroitement liés tels que le genre, la race, l’âge et le statut d’immigration qui, en retour, soulignent le besoin d’une approche intersectionnelle à la compréhension des causes des inégalités à Hong Kong.
Le plus important travail de Puja est son illustration minutieuse de l’impact négatif des écoles ségréguées sur la vie des individus issus des minorités ethniques de Hong Kong, notamment la perte de possibilité et la privation dans de nombreux domaines. Elle a présenté cette recherche au gouvernement de Hong Kong et à trois organismes s’occupant des traités des Nations Unies (ONU) révisant les obligations de Hong Kong en matière de discrimination raciale, de droits des enfants et de droits de la personne. En 2014, en réponse directe à la recherche et au plaidoyer de Puja, et en collaboration avec des organisations locales non gouvernementales dirigeant les travaux sur ces questions, Hong Kong a aboli la politique officielle désignant des écoles séparées pour les enfants issus de minorités ethniques, et le gouvernement a introduit un cadre pédagogique d’apprentissage d’une langue seconde dans le programme de langues chinoises des écoles publiques.
Ce n’est qu’un exemple du formidable impact de Puja sur sa société. Son travail se penche sur les enjeux de l’éducation, de la violence familiale, des droits des enfants, de la violence fondée sur le genre, de la discrimination fondée sur la race, le genre, la religion et l’orientation sexuelle et des préjugés inconscients. En outre, son travail a aidé des législateurs, ministères gouvernementaux et organismes de la société civile à élaborer des lois et des politiques en utilisant une approche intersectionnelle dans un vaste éventail de secteurs pour garantir une protection égale pour tous. Elle a revendiqué avec succès la révision de procédures gouvernementales pour traiter des cas de violence faite aux enfants, de maltraitance des enfants, et de violence familiale et sexuelle impliquant des minorités ethniques ainsi que l’amélioration de programmes de formation pour les policiers traitant les dossiers impliquant des minorités ethniques. Sa recherche et ses activités de plaidoyer ont entraîné la création par le gouvernement de mesures ciblées visant à soutenir les minorités ethniques.
Ayant elle-même subi les effets négatifs de l’exclusion et des préjugés, Puja travaille sans relâche pour faire avancer l’égalité des droits pour tous les habitants de Hong Kong. Qu’elle s’adonne à la recherche, au plaidoyer ou à la mobilisation, ou qu’elle enseigne à ses étudiants comment reconnaître et aborder les enjeux de justice sociale qui les entourent, Puja est motivée par la conviction profonde que tous les Hongkongais méritent le même respect et les mêmes possibilités, et que les lois et politiques de sa ville seront renforcées par leur inclusion et la reconnaissance de leur dignité égale.
Même si Hong Kong a la réputation mondiale d’être une plaque tournante internationale, la ville est homogène du point de vue racial. Les Chinois composent environ 92 pour cent de la population. Les minorités ethniques représentent 8 pour cent de la population de Hong Kong. Parmi celles-ci, 4,2 pour cent sont des travailleurs domestiques étrangers qui doivent respecter des modalités de travail temporaire dans le cadre d’un régime d’emploi spécifique. Enfin, 3,8 pour cent sont des résidents à long terme faisant partie des minorités ethniques. Ce groupe de minorités ethniques a des possibilités limitées et est victime de préjugés et de discrimination systémiques dans plusieurs domaines, dont l’éducation, l’emploi, le logement et les soins de santé. Les barrières linguistiques exacerbent les défis structurels des minorités. Sans éducation, en cantonais ou en mandarin, les minorités ethniques sont plus susceptibles d’occuper des postes moins bien rémunérés. La pauvreté et l’accès inégal aux services sociaux essentiels affectent ces communautés de façon disproportionnée.
Hand in Hand: Centre pour l’éducation juive-arabe en Israël
« Avec chaque nouvel élève, école, communauté et partenaire, nous envoyons un message de changement qui participe à la création des fondements solides d’une société égale et pluraliste pour les Juifs et les Arabes à laquelle tout le monde a le sentiment d’appartenir pleinement. »
Dani Elazar, CEO Hand in Hand: Center for Jewish-Arab Education in Israel
L’histoire de Hand in Hand
À l’école Max Rayne Hand in Hand de Jérusalem, les coenseignants Sirin et Chaim accueillent leurs élèves de deuxième année après les vacances d’été. Sirin et Chaim demandent à la moitié de la classe de se tenir par la main et d’encercler l’autre moitié de la classe pendant que la musique joue. Quand la musique s’arrête, les élèves se font face. Sirin, en arabe, dit alors : « Demandez à votre ami pourquoi il est heureux de recommencer l’école ». Les élèves s’exécutent, puis la musique recommence. Au prochain silence, Chaim demande aux élèves, en hébreu : « Quelle est la chose la plus amusante que vous avez faite pendant vos vacances? ». Pendant l’année scolaire, ces élèves arabes et juifs étudieront ensemble en hébreux et en arabe, et apprendront la langue, l’histoire et l’héritage des deux groupes. Ils célébreront les récits, chansons, symboles et traditions des musulmans et des juifs ainsi que les fêtes chrétiennes. Ils apprendront, comme ils le font dans cette activité en cercle, à s’écouter les uns les autres, à se faire confiance et à rire ensemble.
Cette ambiance dynamique et multiculturelle est caractéristique des écoles Hand in Hand, mais se trouve difficilement en dehors de celles-ci. Le système d’éducation israélien est divisé selon des clivages ethniques et religieux. Souvent, les individus de différentes communautés ne se rencontrent pas les uns les autres avant d’être de jeunes adultes, et à ce moment, plusieurs d’entre eux sont pris dans un des deux côtés d’un conflit complexe et violent qui dure depuis des générations.
En 1998, Hand in Hand a proposé une option transformatrice et différente à cette réalité divisée en mettant sur pied les premières classes intégrées et bilingues d’élèves juifs et arabes. Reconnues par le ministère de l’Éducation israélien, ces écoles publiques primées accueillent maintenant plus de 2 000 élèves juifs et arabes de la prématernelle à la douzième année dans diverses villes du pays. Les équipes de coenseignants juifs et arabes utilisent des méthodes innovantes pour enrichir le sentiment identitaire des élèves tout en favorisant le respect de leurs pairs. L’égalité, l’empathie, la responsabilité et le respect sont les piliers de la pédagogie des écoles Hand in Hand. Les élèves apprennent à faire preuve de pensée critique, à parvenir à un désaccord respectueux et à aborder l’histoire selon plusieurs perspectives.
Au fil des ans, le modèle de Hand in Hand est passé d’un réseau d’écoles à un modèle de vie et d’apprentissage communs en trois volets, qui comprend les écoles intégrées, les communautés inclusives et davantage de partenariats publics. Le personnel, les parents, les élèves et les anciens élèves de Hand in Hand font partie d’un mouvement national animé par des valeurs partagées et par le choix de créer un changement positif qui s’étend bien au-delà de l’enceinte des écoles. Les programmes communautaires de Hand in Hand mobilisent des milliers de personnes pour bâtir une société fièrement partagée d’inclusion, d’égalité et de respect, et ce, par le dialogue et des programmes linguistiques, des célébrations et événements culturels, des conférences et ateliers, la participation civique et l’activisme, des séminaires sur le leadership et des conférences nationales. En collaborant avec les municipalités et le ministère de l’Éducation, le travail de Hand in Hand influence de plus en plus le système d’éducation national de l’intérieur.
Chaque jour, dans les écoles et communautés Hand in Hand de partout au pays, des milliers d’enfants et d’adultes apprennent non seulement à se tolérer les uns les autres, mais à se respecter, à s’accepter et à apprendre les uns des autres. Ils découvrent que la diversité n’est pas une menace, mais qu’elle est plutôt une expérience enrichissante et une grande occasion de grandir en tant qu’individus et en tant que société.
La méfiance et la peur entre les communautés arabes et juives en Israël sont profondément ancrées, découlant non seulement du conflit israélo-palestinien, mais également de la division spatiale des communautés juives et arabes, notamment dans la séparation du système d’éducation public en deux branches qui fonctionnent en vase clos en fonction de clivages ethniques et religieux. Ceci contribue grandement à la division entre les deux groupes. La majorité des élèves juifs en Israël sont peu ou pas du tout exposés à la culture arabe dans un contexte scolaire, les deux communautés n’ayant pas l’occasion d’établir les relations et partenariats intercommunaux qui sont essentiels à la création de sociétés plus pluralistes.