Welcoming America

L’histoire de Welcoming America

Lorsque David Lubell avait cinq ans, ses parents lui ont dit de ne pas parler aux étrangers. Cette mise en garde est commune, mais c’est en l’entendant que David a éprouvé la peur pour la première fois.

Aujourd’hui, des décennies après que David ait eu la conversation qu’il appelle « étranger égal danger », les États-Unis connaissent la croissance la plus rapide d’immigration depuis le début des années 1900. Également en hausse sont l’anxiété et la méfiance au sein des communautés comptant de nombreux immigrants, les crimes de haine ciblant les résidents nés à l’étranger, les politiques anti-immigration, et l’aliénation entre les immigrants et les résidents de longue date.

David vivait dans le Tennessee lorsqu’il s’est rendu compte que malgré une augmentation du taux d’immigration de 400 % dans son État, il n’y avait aucune coordination à vaste échelle des efforts visant à aider les immigrants. Il a également remarqué qu’aucun effort n’était fait pour préparer les communautés d’accueil aux importants changements démographiques dont elles feraient l’expérience. David a fondé Welcoming Tennessee en 2006 pour aider les immigrants à devenir des membres actifs de leur nouvelle société, et ce, avec le soutien de leurs communautés d’accueil. Aujourd’hui, Nashville, au Tennessee, est devenue un leader économique dans la région. Les dirigeants de la société civile et du monde des affaires attribuent ce succès au climat d’accueil de la ville et à son intégration réussie des immigrants.

Welcoming Tennessee est rapidement devenue Welcoming America, une organisation de bienfaisance primée qui jette des ponts entre les nouveaux arrivants et les résidents de longue date. L’organisation a élaboré une norme d’accueil qui fournit une feuille de route complète pour l’inclusion des immigrants. Elle encourage les interactions entre les immigrants et leur communauté d’accueil pour bâtir la confiance et aider les dirigeants locaux à faire participer les nouveaux arrivants dans la planification de la ville. À ce jour, Welcoming America a créé plus de 570 politiques et programmes inclusifs pour améliorer la vie des immigrants en les aidant à apprendre l’anglais, réussir leurs études, se bâtir une carrière, démarrer une entreprise ou participer à la vie citoyenne. Welcoming America touche maintenant 380 communautés d’un bout à l’autre des États-Unis et a conclu des partenariats en Allemagne et en Australie.

L’organisation se fonde sur la croyance voulant que lorsque les nouveaux arrivants se sentent valorisés et qu’on les encourage à participer aux tissus social, civique et économique de leur ville d’adoption, tout le monde en bénéficie. Les communautés se bonifient — en devenant plus dynamiques et prospères — lorsqu’elles embrassent la diversité et favorisent le développement du potentiel de leurs nouveaux résidents.

Wapikoni

L’histoire de Wapikoni

La réalisatrice québécoise Manon Barbeau a été profondément touchée par l’important taux de suicide dont elle a été témoin chez les jeunes autochtones du Québec. Elle a donc réalisé un long métrage avec une quinzaine de jeunes et, dans le processus, a développé un lien très fort avec une jeune qui s’appelait Wapikoni Awashish. Lorsque Wapikoni, alors âgée de 20 ans, est décédée dans une collision entre sa voiture et un camion chargé de bois, Manon a eu l’impression de perdre une fille. Deux ans plus tard, en 2003, elle a décidé d’honorer la mémoire de son amie.

Remarquant l’aisance et la joie qu’exprimaient les jeunes autochtones dès qu’ils avaient une caméra en main, Manon s’est associée au Conseil des jeunes des Premières Nations du Québec et du Labrador et au Conseil de la Nation Atikamekw pour créer Wapikoni Mobile, une organisation à but non lucratif qui donne une voix aux jeunes autochtones à travers la réalisation cinématographique.

Wapikoni Mobile est le seul studio mobile au Canada à se déplacer dans les communautés autochtones éloignées pour enseigner aux jeunes des techniques de réalisation cinématographique avec de l’équipement à la fine pointe de la technologie qu’ils utilisent pour créer leurs propres courts-métrages et œuvres musicales. Wapikoni Mobile distribue ensuite leur travail, organisant 200 projections par année, que ce soit dans des écoles secondaires éloignées ou dans de prestigieux festivals du film. Après les projections, les jeunes réalisateurs sont invités à parler de leur travail, ce qui crée de nouveaux liens entre les personnes autochtones et non autochtones dans une optique de réconciliation.

Wapikoni Mobile a également fondé le Réseau international de création audiovisuelle autochtone qui utilise le cinéma pour promouvoir le respect des droits des autochtones et l’inclusion sociale dans le monde entier. Aujourd’hui, Wapikoni Mobile a encadré 4 000 jeunes de cinq Premières Nations au Canada et de 17 communautés de cinq pays de l’Amérique latine.

Malgré les nombreux prix qu’a reçu l’organisation acclamée sur la scène internationale, son succès se mesure surtout par la réussite de ses participants : certains ont vu leurs réalisations présentées lors du Sundance Film Festival et dans des universités; d’autres ont reçu des bourses complètes dans de prestigieuses écoles de cinéma; certains sont à l’origine du mouvement Idle No More; et d’autres ont parlé lors des Instances permanentes des Nations Unies sur les enjeux autochtones. À travers leurs films, ces jeunes contribuent à la lutte contre le racisme, le préjugé et l’isolement dont les Premières Nations du Canada ont souffert pendant des générations. Wapikoni Mobile a voulu mobiliser les jeunes autochtones vivant dans des communautés éloignées et par ricochet, l’organisation a grandement bonifié la réalisation cinématographique au Canada en y apportant de nouvelles voix et perspectives.

Sawa for Development and Aid 

L’histoire de Sawa for Development and Aid

En janvier 2011, Rouba Mhaissen, alors âgée de 22 ans, rendait visite à sa famille au Liban, où elle a entendu parler des 40 premiers réfugiés syriens qui traversaient la frontière pour entrer au Liban. Elle est montée en voiture et s’est rendue à la frontière pour rencontrer les réfugiés. Après leur avoir demandé ce dont ils avaient besoin, elle a envoyé un message texte à toutes ses connaissances, leur expliquant la situation tragique et les besoins pressants des familles. Son message s’est répandu et des centaines de personnes l’ont contactée pour lui offrir des dons ou leur aide-bénévole.

À la fin de 2011, Rouba avait créé Sawa4Syria, une initiative locale dirigée par des jeunes et une des premières organisations au Liban à répondre aux besoins des réfugiés syriens. Le terme Sawa signifie « ensemble ». Rapidement, l’organisation a grandi et est devenue l’organisation de bienfaisance Sawa for Development and Aid, laquelle offre un secours global aux réfugiés syriens au Liban ainsi qu’au Royaume-Uni.

En plus du secours humanitaire traditionnel que l’organisation offre dans 16 villages de tentes abritant des milliers de réfugiés, Sawa incorpore des programmes d’éducation et de subsistance pour aider les réfugiés à acquérir une indépendance financière. Dans leur cuisine gratuite dirigée par des bénévoles syriens et libanais, Sawa nourrit quotidiennement plus de 4 000 personnes. Son centre pédagogique prépare les enfants syriens aux examens d’entrée dans les écoles libanaises et leurs programmes de travail rémunéré emploient près de 50 réfugiés à tout moment.

Avec plus de 1,5 million de réfugiés syriens au Liban, les tensions se sont accrues entre les réfugiés et leurs communautés d’accueil, un enjeu que Sawa tente de résoudre à travers l’éducation et la sensibilisation au Liban. Tous les programmes de Sawa sont conçus, réalisés et appliqués par des réfugiés, ce qui garantit que le travail se concentre sur les enjeux qui comptent le plus pour les gens qu’il aide.

Lorsque Rouba est allée à la rencontre des réfugiés syriens en 2011, elle ne savait pas que, six ans plus tard, elle aurait démarré une organisation dotée d’un vaste réseau de partenaires locaux et internationaux qui répond aux besoins des réfugiés syriens au Liban et au Royaume-Uni. En 2011, elle leur a simplement demandé : « De quoi avez-vous besoin? » Elle a découvert qu’au-delà du secours humanitaire, ils avaient besoin qu’on leur donne l’occasion de contribuer de manière utile à leur nouvelle société. Elle a également appris qu’en embrassant la diversité, le Liban était devenu un milieu de vie plus riche et plus tolérant.

Hand Talk

L’histoire de Hand Talk

Dans une salle d’urgence d’un hôpital de la province nordique d’Alagoas, au Brésil, le docteur Davi Freitas tentait de communiquer avec une fille de 13 ans qui était fort agitée. Personne, incluant la mère de la fille, ne comprenait ce qui se passait, car la fille était malentendante. Soudainement, le Dr Freitas s’est souvenu qu’il pouvait faire appel à Hugo.

Hugo est l’interprète virtuel de Hand Talk, une entreprise sociale brésilienne qui crée de la technologie pour offrir une traduction automatique de la langue parlée en Libras, la langue des signes brésilienne. Avec l’aide d’Hugo, le Dr Freitas a pu comprendre que la jeune fille souffrait d’un terrible mal de tête, lequel s’est avéré un signe précurseur d’hémorragie intracrânienne pour laquelle elle a été immédiatement soignée.

Hugo se retrouve partout au Brésil, des salles d’urgence des hôpitaux, aux classes et aux bars. Avec ses mains délibérément trop grandes et ses expressions faciales complexes et soigneusement conçues, Hugo est un interprète de la langue des signes qu’on peut apporter partout.

Il y a plus de 360 millions de personnes malentendantes dans le monde, dont 10 millions sont au Brésil. Souvent, ces dernières ont de la difficulté à apprendre à lire et à écrire étant donné que ces apprentissages reposent sur la phonétique. Au Brésil, plus de 70 % des personnes malentendantes ont de la difficulté à communiquer dans leur langue maternelle. Fondée en 2012, Hand Talk aide les personnes malentendantes à surmonter les obstacles de communications qui nuisent à leur éducation, à leur inclusion et à leur indépendance.

Hand Talk a reçu huit prix internationaux et régionaux, dont un prix des Nations Unies pour la « meilleure application au monde ». Déjà, plus d’un million de personnes ont téléchargé l’application et Hugo effectue environ six millions de traductions par mois. Comme l’a découvert le Dr Freitas, l’application a le potentiel de sauver des vies en situation d’urgence. Toutefois, l’application a surtout la capacité d’améliorer des vies en aidant les personnes malentendantes à participer activement à la société.

Fundación Construir

L’histoire de Fundación Construir

Après la victoire du président Evo Morales, l’assemblée constituante bolivienne s’est rassemblée le 6 août 2006 dans le but d’ébaucher une nouvelle Constitution nationale. La Fundación Construir a commencé en tant que groupe d’experts embauché par l’assemblée pour la conseiller sur la manière d’intégrer les systèmes juridiques occidentaux et autochtones dans la nouvelle Constitution afin de s’assurer que les nombreux différents groupes nationaux que compte la Bolivie y soient représentés. En permettant un dialogue entre les politiciens, les juges et les communautés autochtones, le groupe a contribué à la création de trois articles historiques reconnaissant les pratiques traditionnelles autochtones en matière de droit et de résolution de conflit.

Ce groupe d’experts est devenu la Fundación Construir en 2008. Depuis, il a continué d’aider les décideurs politiques, les juges et les communautés autochtones à appliquer la vision inclusive de la loi de la nouvelle Constitution afin de créer une Bolivie pluraliste. Construir signifie, de toute évidence, « construire », ce qui n’est pas une tâche facile dans ce pays qui compte 36 langues officielles, 50 nations autochtones et plus de 2 000 systèmes juridiques différents. La Bolivie est un pays polarisé où il est difficile d’atteindre un consensus.

Construir travaille comme groupe de réflexion et comme rassembleur. Il produit de l’importante recherche – comme son répertoire complet des systèmes juridiques autochtones – et sert de lien entre l’État et les communautés autochtones, s’assurant que les meilleures pratiques sont suivies lorsque les autorités travaillent ensemble. Construir offre également des formations dans les communautés autochtones pour garantir leur pleine intégration au sein du système juridique, et forme les juges et d’autres fonctionnaires pour les aider à favoriser le respect envers la justice traditionnelle autochtone.

Construir a également contribué au développement des compétences de centaines de femmes autochtones qui agissent à titre de leaders communautaires en reliant les communautés éloignées aux institutions. Ces femmes ont obtenu le statut juridique de « défenseures de la communauté » et ont été déterminantes dans la lutte contre le trafic humain et la violence faite aux femmes et aux enfants.

Dans un pays qui compte autant de groupes disparates et de défis, le travail de Construir est une poursuite d’équilibre constante. Ses activités sont fondées sur une croyance dans les droits de la personne et sur une vision pluraliste de la justice voulant que celle-ci représente chaque membre de la population diversifiée de la Bolivie.

BeAnotherLab

L’histoire de BeAnotherLab

Tout le monde connaît le vieil adage « On ne peut juger personne avant d’avoir marché un mille dans ses souliers ». Mais comment peut-on le faire exactement?

BeAnotherLab a une réponse à cela. Groupe multinational qui possède un siège social en Espagne et des filiales dans dix pays, BeAnotherLab regroupe des artistes, des scientifiques, des chercheurs, des anthropologues et des praticiens dont l’objectif est de contribuer à la diminution des préjugés implicites et de promouvoir l’empathie. Pour ce faire, ils se servent de la technologie de la réalité virtuelle pour créer une expérience de « personnification » qui donne l’illusion d’être dans le corps d’une autre personne et de voir le monde à travers ses yeux.

Leur projet Machine to Be Another a été appliqué dans les domaines des arts, de la résolution de conflit, de la recherche scientifique, des enjeux sociaux, des soins de la santé et de l’éducation dans divers espaces publics et dans plus de 20 pays. Lors de l’Assemblée générale des Nations Unies de 2015, les délégués ont pu se voir dans le corps de Nicole Goodwin, une poétesse américaine et vétérane de la guerre d’Iraq, tout en l’écoutant parler du tort que la guerre a causé dans sa vie. Avec l’aide du casque Oculus Rift, des caméras intégrées pour un point de vue subjectif et des mouvements synchronisés, les participants ont même pu changer de sexe. D’autres ont expérimenté la réalité du point de vue d’une personne ayant un handicap physique; de la mère d’un jeune homme noir tué par les policiers; ou d’un réfugié soudanais détenu dans le camp de Holot en Israël. Après cette expérience, les participants se rencontrent pour discuter de ce qu’ils ont vécu et partager leurs histoires.

La priorité actuelle de BeAnotherLab s’appelle Library of Ourselves, un projet à long terme qui aide les participants à mieux se comprendre en comprenant les autres. Travaillant dans des établissements culturels et pédagogiques aux quatre coins du monde, BeAnotherLab offre l’environnement immersif de sa technologie de la réalité virtuelle pour créer du contenu qu’il appelle « un conte incarné ». Le projet Library of Ourselves s’adresse à différents auditoires et a pour but de créer des rencontres entre les communautés en conflit.

Dans un monde où nous sommes souvent divisés par nos différences, BeAnotherLab veut mettre l’accent sur nos expériences humaines communes. Comme l’a dit Philip Bertrand, cofondateur de BeAnotherLab, « Plus que des individus, nous faisons partie d’un vaste système appelé l’humanité. »

ATD Quart Monde

ATD Quart Monde’s Story

En 1956 , le père Joseph Wresinski venait tout juste d’arriver en France pour agir à titre d’aumônier auprès de 250 familles de sans-abri regroupées à Noisy-le-Grand, un camp d’hébergement d’urgence près de Paris. Les conditions dans le camp étaient épouvantables : des cabanes de tôle sur un terrain boueux, quatre pompes à eau pour plus de mille personnes, et des enfants mourant gelés ou brûlés lorsque les systèmes de chauffage de fortune ne fonctionnaient pas.

Lui-même issu d’un milieu pauvre, le père Joseph comprenait les habitants de Noisy-le-Grand. Une des premières choses qu’il a faites fut de remplacer la soupe populaire et la distribution de vêtements d’occasion par une librairie et un jardin d’enfants. Il envoyait ainsi un message clair qui est toujours au cœur du mouvement ATD Quart Monde : les personnes qui vivent dans la pauvreté n’ont pas besoin de pitié et de charité; ils ont besoin de s’impliquer dans la lutte contre la pauvreté. Ils ont besoin d’être entendus par les décideurs.

« Je vous ferai monter les marches de l’Élysée, des Nations Unies et du Vatican », le père Joseph a-t-il promis aux familles de Noisy-le-Grand. Lorsqu’il est décédé en 1987, après avoir passé 30 ans à consolider des alliances et défendre leur cause, il les avait amenés à parler aux plus hautes autorités en France et à des diplomates des Nations Unies. Quant à la visite au Vatican, elle a eu lieu deux ans plus tard.

Le projet de développement communautaire que le père Joseph a commencé à Noisy-le-Grand a grandi pour devenir ATD Quart Monde, une organisation internationale dont le siège social est à Paris et qui est vouée à l’éradication de la pauvreté et à l’autonomisation des personnes les plus désavantagées du monde. ATD signifie Aide à Toute Détresse et, fidèle à son nom, le mouvement a uni des milliers de personnes de toutes affiliations politiques, religieuses, culturelles et socioéconomiques dans 34 pays.

En France, ATD Quart Monde a contribué à intégrer des groupes marginalisés dans la société en apportant des changements à l’échelle structurelle et légale; une composante essentielle du pluralisme. Par exemple, ATD a été déterminante à l’adoption d’un revenu minimum d’insertion pour les gens sans emploi, à la couverture de santé universelle et au droit au logement opposable. La moitié de l’aide sociale en France aujourd’hui découle des actions d’ATD. À l’échelle internationale, ATD Quart Monde est représentée à l’UNESCO et aux Nations Unies.

Sur les terrains boueux de Noisy-le-Grand est né un mouvement international. Aujourd’hui, il unit des individus de cinq continents et de tous horizons dans un travail visant à créer un monde meilleur et sans pauvreté.

Soliya

« Soliya est à l’avant-garde de son domaine – utilisant la technologie pour créer un pont entre les différences pour relier les jeunes et les engager. C’est l’histoire d’un jeune succès qui accroît déjà l’empathie et la compréhension chez ses participants et qui aide une nouvelle génération de leaders à entrer dans le monde en ayant une expérience personnelle directe des valeurs du pluralisme et en étant engagés et aptes à faire face à ses plus grands défis. »

Joe Clark, ancien premier ministre du Canada et président du jury du Prix.

L’histoire de Soliya

Avant l’apparition de Facebook, Twitter et Instagram, deux fondateurs visionnaires ont su reconnaître à quel point le dialogue entretenu dans la sphère numérique pouvait changer le monde – pour toujours.

Soliya, un organisme à but non lucratif 501(c)3 établi à New York, aux États-Unis, a été lancé en 2003 par Lucas Welch et Liza Chambers en réponse à la méfiance croissante au sein de la population après le 11 septembre. Soliya a été à l’avant-garde d’un domaine maintenant appelé l’échange virtuel, rassemblant des jeunes de cultures et continents différents dans des dialogues synchrones en ligne qui inculquent les compétences nécessaires pour développer une pensée critique, faire preuve de curiosité et diriger avec empathie.

Aujourd’hui dirigé par l’administratrice générale Waidehi Gokhale, Soliya utilise l’Exchange Portal, une plateforme de vidéoconférence personnalisée, à travers laquelle son équipe internationale réunit plus de 5 000 jeunes adultes chaque année sous forme de petits groupes diversifiés dans le cadre du programme Connect. Abordant des événements actuels en compagnie d’animateurs formés, les participants des États-Unis, du Canada, de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Asie du Sud et du Sud-Est apprennent que l’identité des personnes est multidimensionnelle. En racontant et en écoutant les histoires d’autres personnes, ils acquièrent une meilleure compréhension d’autrui et renforcent leur empathie.

En dotant les individus de la capacité d’entrer en contact avec la différence, Soliya aide les prochains agents de changement à avoir les difficiles conversations nécessaires pour briser les cycles des préjugés. Les programmes de Soliya aident les participants à éliminer les notions négatives de « l’autre » et à s’épanouir dans la société du 21e siècle. À ce jour, Soliya a travaillé avec plus de 220 établissements d’enseignement supérieur et centres d’apprentissage dans plus de 30 pays et 29 des États des États-Unis en incluant des programmes crédités dans le cadre de cours existants dans de nombreuses disciplines. Cette empreinte continue de croître avec de nouveaux partenariats. L’impact de Soliya a été prouvé par la mesure et l’évaluation de données recueillies en association avec le Saxelab Social Cognitive Neuroscience Laboratory du Massachusetts Institute of Technology; l’Annenberg School of Communication de l’Université de Pennsylvanie; l’Oxford Centre for the Study of Intergroup Conflict de l’Université d’Oxford; et l’University College de Londres.

Près de deux décennies après ses débuts, Soliya s’avère plus pertinent que jamais, alors qu’il aplanit les divisions et bâtit de solides sociétés pluralistes.

La recherche démontre que l’expérience interculturelle vécue durant les années formatrices d’un individu peut mener à des relations empreintes de coopération et de compassion. Toutefois, l’accessibilité est souvent un enjeu. Dans le monde, de nombreux jeunes vivent dans des communautés homogènes et, en raison d’obstacles socioéconomiques, institutionnels, géographiques ou personnels, ont de rares occasions d’entrer en contact avec différents points de vue ou identités. Un échange interculturel significatif peut drastiquement changer les perceptions de la différence.

SINGA

« Dans le cycle des médias d’aujourd’hui, les mauvaises nouvelles sur la migration occultent souvent les histoires positives. La communauté de SINGA propose un regard beaucoup plus optimiste. Les programmes de SINGA ont ouvert des voies vers la relation et l’empathie, et contestent activement la désinformation et la xénophobie à l’égard des demandeurs d’asile. »

Joe Clark, ancien premier ministre du Canada et président du jury du Prix.

L’histoire de SINGA

Et si la migration devenait une histoire de possibilités plutôt que de crise? Et si au lieu de parler de « nous » contre « eux », nous nous tournions vers le potentiel du terme « ensemble »?

Considérez l’histoire de deux hommes. Foday est un comptable de la Sierra Leone. Cyril est un comptable agréé de KPMG France. Les deux hommes apprennent à se connaître. Foday fait du progrès en français alors que Cyril découvre qu’il n’est pas en présence d’un réfugié, mais d’un collègue comptable, d’un expert dans son domaine et, finalement, d’un nouvel ami.

Imaginez Donia, qui a démarré une fructueuse entreprise de traiteur, proposant des mets du monde entier préparés par des femmes de milieux immigrants.

Découvrez Simon, qui a construit un projet de coopérative d’habitations pour les réfugiés et les Français.

En mettant des individus en contact, SINGA contribue à rendre les sociétés plus sécuritaires, pluralistes et créatives, où les réfugiés et les migrants, comme tout le monde, ont un rôle à jouer. SINGA croit que chaque individu a le droit d’appartenir là où bon lui semble. Cela requiert la création d’espaces où les gens peuvent partager des expériences enrichissantes et créer des liens durables et des réseaux professionnels.

SINGA signifie « lien » en lingala, une langue essentiellement parlée dans la République démocratique du Congo. Pour relier les nouveaux arrivants et leur société d’accueil, SINGA, en collaboration avec les populations locales, a lancé une plateforme où les individus et les organisations peuvent offrir des événements et des programmes pour contribuer à aplanir les différences et à réunir les gens.

SINGA a travaillé avec plus de 5 000 réfugiés et 20 000 habitants locaux. Grâce à la mobilisation citoyenne et à la participation d’organisations, le mouvement s’est déployé dans 19 villes européennes, est en voie de le faire dans neuf autres lieux, et dirige huit incubateurs voués à l’innovation dirigée par des migrants. Neuf mois après avoir participé aux programmes de SINGA, la majorité des réfugiés se trouvent un emploi, ont un habitat durable et peuvent communiquer en français grâce à ce nouveau réseau social où ils collaborent, créent et expérimentent la vie dans leur pays d’accueil. Les avantages de ces liens sont loin d’être unilatéraux. Il existe un grand sentiment d’enrichissement des deux côtés, car, et c’est la seule règle de SINGA, les nouveaux-arrivants et les locaux participent ENSEMBLE.

Ces relations transforment l’histoire globale des migrants en Europe, la faisant passer d’une histoire de méfiance à une histoire d’amitié et de sentiment d’appartenance commun. Enfin, les programmes de SINGA déclenchent la créativité et donnent vie à de nouveaux projets et à de nouvelles idées, associations et entreprises.

Les préoccupations à l’égard des mouvements de population massifs ont explosé dans la conscience publique en 2015. Les réfugiés et les migrants du Moyen-Orient et de l’Afrique qui fuient la sécheresse, la pauvreté et la violence ont commencé à arriver sur les côtes européennes. En 2018, la population de réfugiés en France était estimée à 350 000 personnes. La xénophobie s’est répandue dans toute l’Europe. Les nouveaux-arrivants sont représentés par certains médias et politiciens comme des menaces ou des victimes mettant en danger leur société d’accueil ou drainant ses ressources. SINGA a été fondée pour aider à changer les perceptions des réfugiés et des demandeurs d’asile en Europe.

Rupantar

« Le jury a été impressionné par l’approche créative de Rupantar, qui réalise des performances culturelles pour aborder de délicats enjeux sociaux. Rupantar travaille réellement à la base en mobilisant les personnes les plus vulnérables du Bangladesh, y compris les femmes et les jeunes, afin de contribuer à la création d’une vigoureuse démocratie. »

Joe Clark, ancien premier ministre du Canada et président du jury du Prix.

L’histoire de Rupantar

Vêtus de costumes colorés, les artistes changent et jouent des instruments sur une scène extérieure. « Les droits de la personne sont bafoués encore et encore… », chantent-ils, « … pourtant, personne n’en parle ».

Bien que divertissante, la chanson est aussi un appel à l’action pressant le public de revendiquer ses droits et de protéger les populations vulnérables. Ce type de prestation fait partie d’une forme de performance folklorique populaire traditionnelle. C’est également un des nombreux outils utilisés par l’organisme à but non lucratif Rupantar pour aborder de pressants problèmes sociaux au Bangladesh.

Rupantar, qui signifie « transformation », travaille au Bangladesh depuis 1995. L’organisme a été fondé par deux personnes de religion différente qui partageaient une vision commune d’une société juste. Dans un contexte aussi complexe, Rupantar a adopté une approche réellement globale pour encourager le changement social et promouvoir le pluralisme. Ses programmes couvrent cinq volets : la démocratie et l’autonomisation politique, la paix et la tolérance, la gestion des catastrophes et l’adaptation au changement climatique, les droits des enfants et des jeunes, et le dialogue culturel à travers les médias populaires et le théâtre folklorique. Avec un personnel diversifié de 525 personnes, Rupantar est le plus grand organisme de sensibilisation et de mobilisation sociale au Bangladesh.

Rupantar travaille à la base pour habiliter des habitants de populations vulnérables à devenir des agents de changement dans leur communauté. L’organisme réussit particulièrement à mobiliser les femmes et les jeunes leaders. Par exemple, depuis 1998, Rupantar a contribué à mettre sur pied 32 organisations féminines enregistrées auprès du gouvernement, habilitant les femmes à briguer et à remporter des sièges lors d’élections locales. Rupantar a également réussi à mettre en œuvre l’initiative Promouvoir l’engagement et l’action pour contrer l’extrémisme (PEACE), laquelle relie des jeunes de différents groupes sociaux pour promouvoir la tolérance et le pluralisme dans leur communauté. Rupantar a entrepris plus de 200 dialogues religieux lors desquels les musulmans, les hindous et les chrétiens ont élaboré des plans d’action pour combattre l’extrémisme.

Le travail de Rupantar est vaste. Parfois, cela prend la forme d’un dialogue entre dirigeants religieux. D’autres fois, il s’agit d’une chanson folklorique sur les droits territoriaux ou d’une campagne de sensibilisation au changement climatique. Dans un pays aussi complexe, son approche doit être multidimensionnelle. Toutefois, une chose demeure constante : l’objectif de l’organisme visant à mobiliser la population diversifiée du Bangladesh pour établir une paix et une stabilité durables ainsi qu’une démocratie vibrante.

Le Bangladesh est un des pays les plus peuplés au monde et possède une diversité religieuse et ethnique considérable. L’histoire du pays est marquée par des périodes de règne colonial, de pauvreté, de famine, de tensions ethniques, de troubles politiques et de coups militaires. Le Bangladesh continue d’expérimenter un important changement économique et social et affronte de nombreux défis, y compris l’instabilité politique, la corruption et la discrimination. Dans les dernières années, l’instabilité sociale a été exacerbée par de violentes attaques de la part de groupes extrémistes, par des rapports de sévices infligés par des agents du maintien de l’ordre public et par une crise humanitaire causée par l’arrivée d’environ 740 000 Rohingyas en provenance du Myanmar.