Nonviolent Peaceforce
L’histoire de Nonviolent Peaceforce
À Mindanao, aux Philippines, d’anciens combattants du Front de libération islamique Moro et des Forces armées philippines se retrouvent pour un après-midi de plongée sous-marine. Ils suivront une formation pratique, puis plongeront ensemble; un geste qui illustre la confiance qu’ils ont réussi à bâtir au fil du temps. Jadis impensable, une telle expérience est aujourd’hui possible grâce à une initiative de rétablissement de la confiance menée par Nonviolent Peaceforce, une ONG internationale qui plaide en faveur d’une protection civile non armée.
Nonviolent Peaceforce (NP) collabore avec diverses communautés dans quelques-uns des contextes les plus difficiles au monde, comme l’Ukraine, l’Irak, le Myanmar et la région de Mindanao, aux Philippines, afin de cocréer des stratégies d’intervention et de consolidation de la paix favorisant la confiance, la non-violence et l’inclusion. Le travail de rétablissement de la confiance mené par l’organisation commence par la création d’équipes locales dont les membres ont des profils diversifiés. Ces personnes vont ensuite à la rencontre de différents segments de la société, dont des groupes qui, jusque-là, n’avaient pas eu voix au chapitre dans le conflit.
Présente dans neuf pays, NP forme des bénévoles à la protection civile, à l’établissement de relations, ainsi qu’au processus de suivi et de compte rendu. Aux Philippines, l’organisation a permis à d’anciennes combattantes de devenir agentes de la paix, transformant leur rôle au sein de la résistance armée en un engagement pour la consolidation de la paix au sein de leur communauté. Au Soudan du Sud, elle rapproche les différentes ethnies en renforçant les compétences des femmes en plaidoyer et en favorisant leur participation au processus de paix. En Irak, NP dépasse les divisions ethniques et religieuses en organisant des activités communes, comme le sport, pour faciliter les rapprochements entre les communautés arabes sunnites et yézidies.
Parmi ses projets d’intervention non violente, NP compte plusieurs partenariats internationaux stratégiques, notamment à Aceh, en Indonésie. Depuis 2023, NP collabore avec six organisations partenaires pour promouvoir une approche globale de la justice transitionnelle et renforcer le processus de vérité et de réconciliation. Ensemble, elles défendent les droits des femmes et des enfants, et réunissent des leaders afin de tirer les leçons des conflits passés et de favoriser l’instauration d’une paix durable.
À l’échelle mondiale, NP mise sur la solidarité et le témoignage plutôt que sur la force. Elle aide les gens à surmonter de vieilles divisions, à coopérer et à créer des liens durables. L’organisation protège aussi les civils sans protection et s’attaque aux inégalités politiques et socioéconomiques à l’origine d’une grande partie des violences actuelles. Grâce à une approche fondée sur la neutralité et l’ouverture, NP met en avant notre humanité commune et favorise le dialogue au-delà des différences.
New Life Trust Organization
L’histoire de New Life Trust Organization
Autour d’une table, des femmes manipulent avec soin de petits morceaux de métal et des pierres précieuses. Certaines échangent des idées sur de nouveaux modèles, en comparant les traditions de différentes régions d’Afghanistan et les atouts de diverses méthodes. Dans un contexte d’instabilité politique, économique, sociale et humanitaire, les possibilités pour les femmes de travailler et de gagner leur vie se sont fortement réduites. Pour plusieurs d’entre elles, leur engagement auprès de la New Life Trust Organization (NLTO) leur redonne un sentiment d’utilité et leur offre la possibilité de subvenir aux besoins de leur famille, tout en favorisant la création de liens et d’amitiés avec des femmes de différentes régions du pays.
La NLTO compte parmi les rares organisations de ce type à pouvoir mener efficacement ses activités en Afghanistan. Consciente des réalités sociales et politiques, elle soutient des femmes de différentes régions en leur offrant la possibilité d’exercer un travail valorisant dans la fabrication artisanale de bijoux. Cette démarche améliore non seulement leurs perspectives sociales et économiques, mais aussi celles de leurs enfants et de leurs familles, tout en favorisant la création de liens d’amitié au-delà des différences ethniques.
Fondée en 2023, la NLTO favorise l’autonomie des femmes grâce au développement des compétences, à l’entrepreneuriat et à l’expression artistique. Elle offre des formations professionnelles en orfèvrerie, en taille de pierres précieuses et en joaillerie, en plus d’aider les participantes à acquérir des compétences en gestion d’entreprise, en anglais et en informatique. Les formations et le mentorat se déroulent dans des ateliers, et un service de garde est mis à leur disposition.
Dans un pays qui compte quatorze groupes ethniques, les divisions tribales sont difficiles à dépasser. La NLTO y parvient en accueillant dans ses programmes des femmes de différentes communautés ethniques, dont les Pachtounes, les Ouzbeks, les Turkmènes, les Sayeds, les Hazaras et les Tadjiks. Elle inclut aussi des femmes en situation de handicap. Depuis 2023, l’organisation a aidé les participantes à tisser des liens solides entre elles, et plus de 60 % des femmes sont maintenant actives sur les marchés locaux ou dirigent leur propre entreprise. Grâce à son modèle d’entreprise sociale, la NLTO collabore avec des partenaires commerciaux internationaux pour organiser des expositions et faciliter l’accès aux marchés.
Fabriqués selon des techniques traditionnelles à partir de ressources locales comme le lapis-lazuli, ces bijoux contribuent à préserver la culture afghane, tant à l’échelle locale qu’internationale. En donnant aux femmes la possibilité de participer à l’économie, la NLTO les aide à devenir entrepreneures et leaders communautaires, et à retrouver l’espoir et l’autonomie dont elles ont tant besoin.
Mais Diferenças
L’histoire de Mais Diferenças
« Nous ne renforçons pas les compétences du personnel enseignant en matière d’inclusion uniquement pour les enfants en situation de handicap », explique Zirlene Ferreira, coordonnatrice pédagogique chez Mais Diferenças (Plus de diversité). « Nous le faisons aussi pour tous les autres enfants, afin qu’ils grandissent sans préjugés et soient prêts à accueillir chaque individu comme une personne à part entière. »
Zirlene fait référence au projet Play, mené par Mais Diferenças en partenariat avec le Département municipal de l’éducation de São Paulo. Ce projet vise à intégrer des pratiques pédagogiques inclusives dans l’éducation de la petite enfance. Son objectif est d’éliminer les facteurs d’exclusion dès les premières années en utilisant le jeu comme outil d’interaction entre enfants aux capacités diverses. Depuis l’adoption de lois obligeant les écoles brésiliennes à accueillir les élèves en situation de handicap, plus de 17 000 enseignants de São Paulo ont été formés à l’approche Play, et près de 400 000 élèves ont pu bénéficier de son volet inclusif.
Mais Diferenças est une organisation de la société civile qui défend les droits des personnes en situation de handicap. En mettant en relation des personnes ayant des expériences de handicap variées, plutôt que de se centrer sur une seule réalité, l’organisation stimule l’apprentissage mutuel et nourrit la solidarité. Dans le domaine de l’éducation, elle conçoit des ressources accessibles qui soutiennent les réseaux pédagogiques et les écoles afin de garantir des chances égales pour tous.
Le volet culturel de l’organisation comprend la production de livres en plusieurs formats accessibles. Les concepteurs y intègrent un langage simple, des descriptions d’images, la langue des signes brésilienne et d’autres outils afin de démocratiser l’accès à la lecture et d’en faire découvrir les plaisirs à des milliers de nouveaux lecteurs. Mais Diferenças a aussi participé à l’élaboration de lois visant à élargir les droits en matière d’éducation, notamment ceux des élèves en situation de handicap.
Par ses activités de plaidoyer, Mais Diferenças contribue à influencer les politiques publiques et la législation en faveur des droits des personnes en situation de handicap, afin de leur permettre de participer pleinement à la société. L’organisation prend part à des forums et à des conseils de défense des droits, et collabore étroitement avec les administrations publiques ainsi qu’avec des responsables politiques pour bâtir une société plus inclusive. Elle a notamment joué un rôle dans l’intégration de la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées dans la Constitution brésilienne. Depuis sa création en 2005, Mais Diferenças a mené plus de 200 projets dans les domaines de l’éducation et de la culture inclusives et a rendu accessibles plus de 4 000 produits, publications et ressources.
Les nombreuses collaborations de Mais Diferenças ouvrent un espace de rencontre entre des personnes aux capacités variées. En réduisant les barrières sociales, l’organisation offre à un nombre croissant de personnes la possibilité de participer pleinement à la vie sociale, culturelle et économique, et de contribuer à une société plus inclusive.
Coordinadora Nacional de Mujeres Indígenas de México
L’histoire de CONAMI
En faisant défiler Facebook, on tombe sur une publication : une autre femme autochtone a été assassinée dans sa communauté, au Mexique. La nouvelle est bouleversante. Une organisation nationale de bénévoles est déterminée à faire en sorte que cette vie ne soit pas réduite à une simple statistique. L’un de ses projets vise à redonner une dimension humaine aux victimes, en retraçant leur nom, leur famille et leur histoire, afin de souligner leur droit à la justice.
Il s’agit d’un projet communautaire porté par la Coordinadora Nacional de Mujeres Indígenas de México (CONAMI), intitulé Urgence communautaire relative au genre (ECG). Ce projet recueille des données sur les différentes formes de violence exercées contre les filles et les femmes autochtones au Mexique, en allant bien au-delà de la simple collecte de noms et de chiffres. Il contextualise les événements en parlant de l’expérience des victimes, puis publie ces informations sur Facebook. C’est un outil puissant pour faire une place aux victimes de violence, leur rendre hommage et repérer les facteurs et les schémas qui les exposent à une violence extrême.
L’ECG illustre bien la démarche de la CONAMI, qui associe les approches universitaires contemporaines aux savoirs ancestraux et communautaires, dans le but de promouvoir le bien-être des peuples autochtones, tant à l’échelle locale que nationale. La CONAMI est la seule organisation de ce type au Mexique : un réseau de plus de 20 groupes communautaires répartis dans 17 États du pays. Créée en 1997, l’organisation coordonne et consolide les espaces communautaires dans lesquels les femmes jouent un rôle actif et de premier plan. Le réseau milite pour éliminer toutes les formes de racisme et permettre aux peuples autochtones d’exercer pleinement leur droit à l’autodétermination, à l’autonomie, à la justice et à la participation politique.
Depuis plus de vingt ans, la CONAMI joue un rôle essentiel pour faire entendre la voix des femmes autochtones et aborder les défis systémiques auxquels elles sont confrontées. Le projet Casas de las Mujeres Indígenas (CAMI) en est un exemple concret. Présent dans 35 communautés à travers le Mexique, il offre un accompagnement juridique, médical et psychologique adapté aux réalités culturelles des femmes autochtones. Aujourd’hui appuyé par des politiques publiques et financé par le gouvernement fédéral, CAMI incarne les efforts de la CONAMI pour influencer les politiques de l’État, intégrer des perspectives interculturelles et reconnaître les femmes autochtones comme des agentes de changement.
La CONAMI collabore également à l’échelle internationale avec des organisations telles que l’Enlace Continental de Mujeres Indígenas de las Américas (ECMIA), qui plaide pour l’intégration des pratiques autochtones dans les démarches de transformation sociale. L’organisation travaille aussi en partenariat avec le Forum international des femmes autochtones (FIMI), qui lui apporte un appui en matière de financement et de développement des ressources humaines.
En défendant les droits légaux et en renforçant les réseaux communautaires, la CONAMI s’impose comme un acteur clé de l’autonomisation sociale, politique et économique des communautés autochtones au Mexique.
Sudanese Youth Network for Ending the War and Establishing a Democratic Civil Transformation
L’histoire de Sudanese Youth Network
Dans un espace communautaire à Nairobi, de jeunes femmes et de jeunes hommes soudanais, accompagnés d’enfants et de familles, assistent à une rencontre où des invités proposent des idées sur la mise en place d’un cessez-le-feu et l’ouverture de couloirs humanitaires. « Jusqu’à maintenant, toute ma vie a été marquée par la guerre », confie un membre du Sudanese Youth Network (SYN).
Une femme s’avance au micro pour informer le groupe des défis considérables qui les attendent. Selon elle, leurs ambitions sont trop idéalistes, et ils manquent d’appuis solides et de leviers d’influence pour réellement faire pression sur les chefs de milices soudanaises et les élites politiques. Mais loin de se laisser ébranler, les jeunes qui animent la rencontre accueillent ces critiques, affirmant qu’elles serviront à renforcer leurs campagnes de plaidoyer.
Depuis 2023, la guerre au Soudan a forcé plus de 11 millions de personnes à fuir leur foyer, faisant de cette crise le plus important déplacement forcé dans le monde à l’heure actuelle. Le SYN s’est imposé comme l’une des principales voix de la jeunesse contre la guerre depuis sa fondation en 2023. Entièrement dirigé par de jeunes bénévoles, le réseau compte plus de 400 membres répartis dans des antennes au Soudan et dans les pays voisins.
Les membres du SYN incluent des jeunes issus de différents milieux ethniques, politiques, culturels et socioéconomiques. Chaque antenne élit un représentant et une représentante, assurant ainsi une participation des femmes rarement observée dans la société soudanaise. Bien que diversifié, tous et toutes partagent une mission commune : œuvrer pour un cessez-le-feu, mettre fin à la guerre, et pour une transition vers un gouvernement civil.
Le SYN maintient une neutralité politique et idéologique. L’organisation entretient un dialogue actif avec divers responsables et groupes politiques pour faire entendre la voix des jeunes dans les initiatives de consolidation de la paix. Elle conçoit également des campagnes qui mobilisent les opinions de la jeunesse soudanaise autour d’enjeux clés comme le cessez-le-feu ou le gouvernement de transition.
Pour renforcer les compétences de ses membres et d’autres jeunes Soudanais, le SYN organise des ateliers et des formations sur des thèmes tels que la médiation, la négociation et les techniques de plaidoyer. Son travail a attiré l’attention d’importantes instances régionales et internationales. Par exemple, les membres du SYN ont été invités à un certain nombre de consultations et de dialogues organisés par l’Union africaine sur la résolution du conflit au Soudan. SYN a participé et continue de saisir les occasions de plaider pour une plus grande inclusion des jeunes dans les pourparlers de paix soudanais. Cette reconnaissance contribue à légitimer les efforts du SYN pour faire progresser le changement social et politique.
Cesta Von
L’histoire de Cesta Von
Dans une petite pièce aménagée à l’intérieur d’une caravane, une mère est assise au sol, tenant dans ses bras son bébé, encore trop jeune pour marcher. En face d’elle, une femme portant un t-shirt sur lequel est inscrit « OMAMA » (un ancien mot allemand signifiant « grand-mère ») lui sourit avec bienveillance. Ensemble, elles font une série d’exercices qui consistent à observer différentes formes et couleurs. Puis, la mentore tend un livre à la mère, qui l’ouvre et commence à le lire à son enfant, partageant ainsi un moment précieux d’apprentissage et de complicité.
En Slovaquie, la population rom fait face à des degrés de discrimination et d’exclusion sociale difficilement imaginables dans l’Europe d’aujourd’hui. Plus du tiers des enfants roms ne terminent pas l’école primaire, et près de 70 % des familles dépendent de l’aide sociale. Pour les femmes en particulier, il est souvent difficile de trouver un emploi à l’extérieur des camps.
Dans ce contexte, l’organisme Cesta Von, qui signifie « issue » en slovaque, collabore avec les communautés roms afin de briser le cycle de la pauvreté qui limite leur pleine participation à la société. L’initiative phare de l’organisme, appelée OMAMA, en est un puissant exemple. Ce programme embauche des femmes roms (souvent sans éducation formelle) comme mentores auprès des mères de leur communauté, afin de soutenir l’apprentissage et le développement de leurs jeunes enfants. Le succès d’OMAMA est tel que le ministère des affaires sociales a adopté une stratégie novatrice de développement de la petite enfance inspirée de ce modèle.
Le programme rejoint aujourd’hui plus de 1 100 enfants et leurs familles dans 40 communautés à travers le pays. Il est reconnu comme une pratique exemplaire en matière de développement de la petite enfance. OMAMA est maintenant mis en œuvre en Tchéquie, et le modèle suscite également l’intérêt de diverses organisations d’autres pays.
Cesta Von mène aussi d’autres initiatives pour favoriser l’inclusion sociale des Roms. Son programme parascolaire Zebra offre aux jeunes la possibilité de suivre des cours de musique et de danse, tout en recevant du soutien scolaire pour leurs devoirs. Son initiative FILIP mobilise des travailleurs sociaux qui collaborent étroitement avec les familles afin de les aider à faire face aux difficultés financières du quotidien. L’organisation propose aussi Amal, un programme un programme de bénévolat en ligne dont le nom signifie « ami », qui met en relation des Roms et des non-Roms lors de séances de mentorat et de pratique linguistique. Ces échanges permettent de mieux comprendre la réalité de l’autre, de tisser des liens et d’établir les bases d’une amitié fondée sur le respect et la compréhension mutuelle.
À travers l’ensemble de ses programmes, Cesta Von vise à bâtir des ponts entre les communautés et à créer une société inclusive, dans laquelle les Roms ne sont pas laissés pour compte. Une société où chacun peut s’épanouir, trouver sa place et rêver au-delà des frontières imposées par la pauvreté et la discrimination.
Artistic Freedom Initiative
L’histoire de Artistic Freedom Initiative
« Les avocats ne sont habituellement pas les personnes les plus empathiques, mais avec l’AFI, c’était vraiment différent », raconte Margarita Kuleva, artiste interdisciplinaire originaire de Russie. « J’ai rencontré des avocats qui s’intéressaient sincèrement à mon travail. » Après avoir pris publiquement position contre la guerre en Ukraine, Margarita a dû quitter la Russie. Elle vit aujourd’hui dans la région de New York, où elle poursuit sa pratique artistique et enseigne à NYU, au sein des facultés Arts & Science et Steinhardt.
Elle fait partie de milliers d’artistes issus de plus de 60 pays et de plus de 40 disciplines soutenus par l’Artistic Freedom Initiative (AFI). Depuis sa création en 2017, l’AFI a offert bénévolement une aide juridique à plus de 4 000 artistes menacés et à leurs proches.
La mission de l’AFI est de promouvoir l’expression artistique comme pilier fondamental de la démocratie, et la liberté artistique comme un moyen essentiel pour que les artistes puissent continuer à influencer, célébrer et préserver les récits culturels des groupes marginalisés et réduits au silence. Bien que plusieurs organisations défendent les droits de la personne et la liberté d’expression, l’AFI se distingue en offrant un ensemble complet de services juridiques et de soutien en immigration et en réinstallation pour les artistes exposés à la persécution ou à la censure. Elle produit également des analyses approfondies visant à renforcer les mécanismes de protection des droits et formule des recommandations politiques concrètes pour appuyer les initiatives de plaidoyer.
L’AFI contribue aussi à faire rayonner le travail d’artistes en exil. Par exemple, son programme d’art public Artists for Social Change organise des festivals et des événements qui permettent aux artistes de dénoncer le racisme, la xénophobie et le patriarcat. Ce programme travaille en partenariat avec les volets d’aide juridique et de relocalisation de l’organisation pour favoriser la collaboration entre les artistes et des partenaires culturels établis aux États-Unis et en Europe.
Son équipe responsable de la politique mondiale et du plaidoyer s’appuie sur les données recueillies dans le cadre des dossiers traités. Elle publie des rapports nationaux sur les droits de la personne qui examinent comment les mécanismes juridiques, le contrôle du financement et les nominations idéologiques sont utilisés pour empêcher les artistes de contribuer à la vie culturelle de leur pays. Les campagnes de plaidoyer de l’AFI présentent des recommandations politiques concrètes aux gouvernements nationaux et aux organismes internationaux, comme les Nations Unies, afin de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des artistes dans leur pays d’origine.
À une époque où exprimer des opinions divergentes devient de plus en plus risqué dans de nombreuses régions du monde, l’AFI défend avec force le rôle essentiel de l’art et des artistes pour protéger le droit universel à la liberté d’expression créative.
Welcoming America
L’histoire de Welcoming America
Lorsque David Lubell avait cinq ans, ses parents lui ont dit de ne pas parler aux étrangers. Cette mise en garde est commune, mais c’est en l’entendant que David a éprouvé la peur pour la première fois.
Aujourd’hui, des décennies après que David ait eu la conversation qu’il appelle « étranger égal danger », les États-Unis connaissent la croissance la plus rapide d’immigration depuis le début des années 1900. Également en hausse sont l’anxiété et la méfiance au sein des communautés comptant de nombreux immigrants, les crimes de haine ciblant les résidents nés à l’étranger, les politiques anti-immigration, et l’aliénation entre les immigrants et les résidents de longue date.
David vivait dans le Tennessee lorsqu’il s’est rendu compte que malgré une augmentation du taux d’immigration de 400 % dans son État, il n’y avait aucune coordination à vaste échelle des efforts visant à aider les immigrants. Il a également remarqué qu’aucun effort n’était fait pour préparer les communautés d’accueil aux importants changements démographiques dont elles feraient l’expérience. David a fondé Welcoming Tennessee en 2006 pour aider les immigrants à devenir des membres actifs de leur nouvelle société, et ce, avec le soutien de leurs communautés d’accueil. Aujourd’hui, Nashville, au Tennessee, est devenue un leader économique dans la région. Les dirigeants de la société civile et du monde des affaires attribuent ce succès au climat d’accueil de la ville et à son intégration réussie des immigrants.
Welcoming Tennessee est rapidement devenue Welcoming America, une organisation de bienfaisance primée qui jette des ponts entre les nouveaux arrivants et les résidents de longue date. L’organisation a élaboré une norme d’accueil qui fournit une feuille de route complète pour l’inclusion des immigrants. Elle encourage les interactions entre les immigrants et leur communauté d’accueil pour bâtir la confiance et aider les dirigeants locaux à faire participer les nouveaux arrivants dans la planification de la ville. À ce jour, Welcoming America a créé plus de 570 politiques et programmes inclusifs pour améliorer la vie des immigrants en les aidant à apprendre l’anglais, réussir leurs études, se bâtir une carrière, démarrer une entreprise ou participer à la vie citoyenne. Welcoming America touche maintenant 380 communautés d’un bout à l’autre des États-Unis et a conclu des partenariats en Allemagne et en Australie.
L’organisation se fonde sur la croyance voulant que lorsque les nouveaux arrivants se sentent valorisés et qu’on les encourage à participer aux tissus social, civique et économique de leur ville d’adoption, tout le monde en bénéficie. Les communautés se bonifient — en devenant plus dynamiques et prospères — lorsqu’elles embrassent la diversité et favorisent le développement du potentiel de leurs nouveaux résidents.
Wapikoni
L’histoire de Wapikoni
La réalisatrice québécoise Manon Barbeau a été profondément touchée par l’important taux de suicide dont elle a été témoin chez les jeunes autochtones du Québec. Elle a donc réalisé un long métrage avec une quinzaine de jeunes et, dans le processus, a développé un lien très fort avec une jeune qui s’appelait Wapikoni Awashish. Lorsque Wapikoni, alors âgée de 20 ans, est décédée dans une collision entre sa voiture et un camion chargé de bois, Manon a eu l’impression de perdre une fille. Deux ans plus tard, en 2003, elle a décidé d’honorer la mémoire de son amie.
Remarquant l’aisance et la joie qu’exprimaient les jeunes autochtones dès qu’ils avaient une caméra en main, Manon s’est associée au Conseil des jeunes des Premières Nations du Québec et du Labrador et au Conseil de la Nation Atikamekw pour créer Wapikoni Mobile, une organisation à but non lucratif qui donne une voix aux jeunes autochtones à travers la réalisation cinématographique.
Wapikoni Mobile est le seul studio mobile au Canada à se déplacer dans les communautés autochtones éloignées pour enseigner aux jeunes des techniques de réalisation cinématographique avec de l’équipement à la fine pointe de la technologie qu’ils utilisent pour créer leurs propres courts-métrages et œuvres musicales. Wapikoni Mobile distribue ensuite leur travail, organisant 200 projections par année, que ce soit dans des écoles secondaires éloignées ou dans de prestigieux festivals du film. Après les projections, les jeunes réalisateurs sont invités à parler de leur travail, ce qui crée de nouveaux liens entre les personnes autochtones et non autochtones dans une optique de réconciliation.
Wapikoni Mobile a également fondé le Réseau international de création audiovisuelle autochtone qui utilise le cinéma pour promouvoir le respect des droits des autochtones et l’inclusion sociale dans le monde entier. Aujourd’hui, Wapikoni Mobile a encadré 4 000 jeunes de cinq Premières Nations au Canada et de 17 communautés de cinq pays de l’Amérique latine.
Malgré les nombreux prix qu’a reçu l’organisation acclamée sur la scène internationale, son succès se mesure surtout par la réussite de ses participants : certains ont vu leurs réalisations présentées lors du Sundance Film Festival et dans des universités; d’autres ont reçu des bourses complètes dans de prestigieuses écoles de cinéma; certains sont à l’origine du mouvement Idle No More; et d’autres ont parlé lors des Instances permanentes des Nations Unies sur les enjeux autochtones. À travers leurs films, ces jeunes contribuent à la lutte contre le racisme, le préjugé et l’isolement dont les Premières Nations du Canada ont souffert pendant des générations. Wapikoni Mobile a voulu mobiliser les jeunes autochtones vivant dans des communautés éloignées et par ricochet, l’organisation a grandement bonifié la réalisation cinématographique au Canada en y apportant de nouvelles voix et perspectives.
Sawa for Development and Aid
L’histoire de Sawa for Development and Aid
En janvier 2011, Rouba Mhaissen, alors âgée de 22 ans, rendait visite à sa famille au Liban, où elle a entendu parler des 40 premiers réfugiés syriens qui traversaient la frontière pour entrer au Liban. Elle est montée en voiture et s’est rendue à la frontière pour rencontrer les réfugiés. Après leur avoir demandé ce dont ils avaient besoin, elle a envoyé un message texte à toutes ses connaissances, leur expliquant la situation tragique et les besoins pressants des familles. Son message s’est répandu et des centaines de personnes l’ont contactée pour lui offrir des dons ou leur aide-bénévole.
À la fin de 2011, Rouba avait créé Sawa4Syria, une initiative locale dirigée par des jeunes et une des premières organisations au Liban à répondre aux besoins des réfugiés syriens. Le terme Sawa signifie « ensemble ». Rapidement, l’organisation a grandi et est devenue l’organisation de bienfaisance Sawa for Development and Aid, laquelle offre un secours global aux réfugiés syriens au Liban ainsi qu’au Royaume-Uni.
En plus du secours humanitaire traditionnel que l’organisation offre dans 16 villages de tentes abritant des milliers de réfugiés, Sawa incorpore des programmes d’éducation et de subsistance pour aider les réfugiés à acquérir une indépendance financière. Dans leur cuisine gratuite dirigée par des bénévoles syriens et libanais, Sawa nourrit quotidiennement plus de 4 000 personnes. Son centre pédagogique prépare les enfants syriens aux examens d’entrée dans les écoles libanaises et leurs programmes de travail rémunéré emploient près de 50 réfugiés à tout moment.
Avec plus de 1,5 million de réfugiés syriens au Liban, les tensions se sont accrues entre les réfugiés et leurs communautés d’accueil, un enjeu que Sawa tente de résoudre à travers l’éducation et la sensibilisation au Liban. Tous les programmes de Sawa sont conçus, réalisés et appliqués par des réfugiés, ce qui garantit que le travail se concentre sur les enjeux qui comptent le plus pour les gens qu’il aide.
Lorsque Rouba est allée à la rencontre des réfugiés syriens en 2011, elle ne savait pas que, six ans plus tard, elle aurait démarré une organisation dotée d’un vaste réseau de partenaires locaux et internationaux qui répond aux besoins des réfugiés syriens au Liban et au Royaume-Uni. En 2011, elle leur a simplement demandé : « De quoi avez-vous besoin? » Elle a découvert qu’au-delà du secours humanitaire, ils avaient besoin qu’on leur donne l’occasion de contribuer de manière utile à leur nouvelle société. Elle a également appris qu’en embrassant la diversité, le Liban était devenu un milieu de vie plus riche et plus tolérant.
