Rose LeMay
2021 Mention d’honneur
Canada
L’histoire de Rose
Rose LeMay appartient à la Première Nation Tlingit de Taku River située dans le nord de la Colombie-Britannique, au Canada. Survivante de la rafle des années soixante, l’enlèvement à grande échelle des enfants autochtones à leur domicile, à leur communauté et à leur famille d’origine dans les années 1960 au Canada, Rose a été retirée de sa communauté alors qu’elle était bébé et a été élevée par une famille non autochtone. Elle a dû découvrir son identité loin de quiconque lui ressemblait et en étant régulièrement victime de racisme. Rose a fini par reconnaître que son expérience lui fournissait une occasion unique en lui permettant d’avoir un pied dans les deux mondes. Elle a donc résolu d’utiliser sa position pour accroître la compréhension entre ces mondes et bâtir un Canada plus pluraliste afin que ses enfants n’aient pas à subir la discrimination dont elle a été victime.
Rose a travaillé pour le gouvernement du Canada pendant vingt ans, plaidant en faveur d’un système de santé plus inclusif des communautés autochtones, en mettant un accent particulier sur la santé mentale. Elle a dirigé la conception d’un plan de santé mentale pour les survivants et élèves des pensionnats autochtones qui ont témoigné lors de la Commission nationale de vérité et de réconciliation (CVR). En 2016, elle a dirigé la Conférence mondiale sur la prévention du suicide chez les Autochtones portant sur la culture comme facteur protecteur, laquelle était tenue pour la première fois au Canada.
En 2017, Rose a fondé l’Indigenous Reconciliation Group (IRG) pour offrir une éducation aux adultes et une formation aux entreprises sur la compétence culturelle autochtone et la réconciliation. L’IRG sensibilise aux types de racisme à l’égard des personnes autochtones au Canada et à la façon dont les Canadiens peuvent travailler ensemble pour l’inclusion des Autochtones, que ce soit en s’assurant que les clients autochtones reçoivent la même qualité de soins de la part des prestataires de services de première ligne ou en soutenant les entreprises pour qu’elles éduquent leur personnel en matière de racisme.
Par le biais de l’IRG, Rose sensibilise le public dans les médias ou par ses conférences. Elle aide les entreprises à transformer leurs politiques et programmes pour soutenir la réconciliation en mettant en œuvre les Appels à l’action de la CVR. Les cours de Rose ont atteint plus de 5 000 personnes au Canada. Le gouvernement du Nunavut et le ministre des Relations avec les Autochtones et de la Réconciliation de la Colombie-Britannique ont fait appel à ses formations, le ministère ayant précisément cherché conseil auprès de l’IRG pour élaborer un plan stratégique visant à mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Comme le souligne Rose, la réconciliation est un cheminement que les Canadiens autochtones et non autochtones ont choisi de suivre ensemble, et les leaders, alliés et agents de changement de tous secteurs de la société canadienne s’efforcent de mieux agir les uns envers les autres et pour le pays.
La Commission de vérité et de réconciliation du Canada (CVR) a été mise sur pied en 2008 pour documenter l’histoire et les impacts durables du système des pensionnats autochtones, à travers lequel 150 000 enfants autochtones ont été enlevés à leur communauté et envoyés dans des établissements financés par l’État, où ils ont été dépouillés de leur culture et sévèrement maltraités. La CVR a établi que le système des pensionnats autochtones équivaut au génocide culturel des peuples autochtones. En plus de guider les Canadiens dans la difficile découverte des faits derrière le système des pensionnats autochtones, la CVR devait établir les fondements d’une réconciliation durable au Canada. En 2015, la Commission a lancé 94 Appels à l’action qui ont été présentés au gouvernement du Canada pour la réconciliation entre les Canadiens et les peuples autochtones. En 2021, les tombeaux anonymes de milliers d’enfants autochtones ont été découverts sur divers sites d’anciens pensionnats autochtones. Ces rappels tragiques de l’héritage du système des pensionnats autochtones soulignent la gravité de la violence perpétrée, l’importance de cette conversation et l’urgent besoin d’actions concrètes pour une réconciliation.